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27 mai 2019 1 27 /05 /mai /2019 16:42

Éditions Cadrans Solaires, 2008

 

 

Universal War One fait sans doute partie des quelques oeuvres de science-fiction qu'il faut absolument avoir lues dans sa vie, que l'on soit ou non un afficionados du genre. Nous devons ces six tomes parus en bandes dessinées à Denis Bajram, véritable auteur puisqu'on le retrouve ici à la fois au scénario, au dessin et à l'encrage. Heureusement, il a réussi en 2008 à nous gratifier d'une réédition intégrale de sa saga, grâce aux éditions Cadrans Solaires.

 

Universal War One prend place dans le futur, alors que les hommes ont colonisé une bonne partie du système solaire et que la Lune et Mars sont même devenues de nouvelles annexes de la Terre. Mais l'humanité, protégée par d'immenses flottes spatiales militaires, voit son destin dépendre d'une escadrille composée de repris de justice, aux passés plus troubles les uns que les autres...

 

Soyons clairs : Universal War One est l'exact opposé d'un soap-opera interstellaire. De part ses dessins acérés et un scénario redoutable, mûri pendant une dizaine d'années, Denis Bajram confère au fur et à mesure des pages une portée universelle aux trajectoires individuelles de ses protagonistes. Avec pour thème central celui du voyage dans le temps. Car c'est aussi cela Universal War One : une exploration talentueuse de la physique quantique et de ses paradoxes temporels. Malgré un ultime rebondissement scénaristique déroutant, je ne peux que vous recommander de vous embarquer pour ce voyage improbable et fascinant, par-delà les limites de notre monde connu !

 

 

Par Matthieu Roger

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7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 16:14

Éditions Mnémos, 2019

 

 

Lu d'une traite. J'ai ouvert Chevauche-Brumes pour ne plus le lâcher qu'une fois la dernière parcourue. Ce roman de fantasy s'avère en effet extrêmement immersif, tant par son rythme effréné que grâce à la peinture de sa galerie de personnages, croqués avec talent et force couleurs. Thibaud Latil-Nicolas, dont c'est là la toute première publication, nous transporte au Bleu-Royaume, dont les marches du nord sont depuis toujours ensevelies sous une mystérieuse barrière de brume magique. Jusqu'au jour où de sombres incidents laissent planer l'arrivée d'abominations plus dangereuses que jamais. Les autorités dépêchent alors la 9e Compagnie du Roy, placée sous les ordres du capitaine Saléon, pour rétablir l'ordre régalien.

 

La force de ce premier roman, c'est la manière unique dont l'auteur nous immerge dans une époque renaissance mâtinée de magie noire, où l'on se bat contre l'ennemi à coups de brands d'arçon, de hallebardes, de miséricordes, de haquebuses et de pistolets à rouet. La narration est haletante, nous conduisant tour à tour, au gré des chapitres, au côté des différents soldats et officiers de la 9e Compagnie du Roy. C'est pourquoi Chevauche-Brumes m'a beaucoup fait penser aux Annales de la Compagnie Noire de Glen Cook, même si l'auteur, dans une interview, a pourtant révélé ne jamais avoir lu cette saga. Le scénario du récit est extrêmement bien pensé, et laisse la part belle à de nombreuses scènes de combats dantesques. Un roman des plus palpitants donc, qui nous fait voyager à travers les volutes de l'imaginaire autant qu'il nous prend aux tripes, lorsque nous nous retrouvons perchés sur les remparts d'une cité assiégée.

 

L'auteur a eu envie d'écrire ce premier roman juste après la lecture de Janua Vera de Jean-Philippe Jaworski. On voit ici qu'il est à bonne école, en signant une première oeuvre magistrale dont on espère qu'un succès d'édition bien mérité lui permettra d'accoucher d'un second opus. Car on ne se lasse jamais de chevaucher vers les brumes de l'inconnu...

 

 

Par Matthieu Roger

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24 mars 2019 7 24 /03 /mars /2019 21:13

Éditions Stock, 2018

 

Un fils raconte sa mère. Richard Coeur de Lion raconte Aliénor d'Aquitaine.

 

Dans ce très bon roman historique, Clara Dupond-Monod laisse Richard Coeur de Lion narrer la légende de sa mère, duchesse d'Aquitaine deux fois reine ; reine de France tout d'abord au côté de Louis VII, puis d'Angleterre après s'être remariée à Henri II. La révolte est avant tout une histoire de famille remplie d'amour, d'incompréhensions, de revanches et de trahison, qui reprend la période anglaise de la vie d'Aliénor. C'est un roman féministe aussi, dans la mesure où il rend compte de la difficulté d'être femme au milieu des hommes, d'être reine au milieu des complots. Les souvenirs du narrateur ressuscitent une femme extraordinaire, dont la majesté n'avait pas d'égale au XIIe siècle. Au fur et à mesure des pages, se dessine également le destin tumultueux de son fils, les révoltes contre le père et l'époux, les ravages de l'ambition, le départ pour les croisades.

La plume de l'autrice est agréable à lire, puisant dans l'époque médiévale pour restituer un souffle épique des plus palpables. Même si elle ne prétend pas livrer là une biographie historique dans les règles de l'art, Clara Dupont-Monod s'appuie sur les travaux des historiens. "Ainsi, les stratégies de bataille de Richard en Orient sont véridiques ; le mot jihad était utilisé par Saladin, les colères du Plantagenêt, la tempête de Barfleur alors qu'Aliénor est enceinte, l'histoire de Guillaume, d'Aélis ou de Rosemonde Clifford, ainsi que les chansons et les extraits de lettres cités, ne sont pas inventés..."

 

J'ai découvert après coup que Clara Dupont-Monod avait déjà publié en 2014 chez Grasset Le roi disait que j'étais diable, qui revient sur la première partie de la vie d'Aliénor, jusqu'à ce qu'elle obtienne l'annulation de son mariage royal avec Louis VII. Si ce premier opus s'avère être du même tonneau que La révolte, voilà une lecture à engager au plus vite !

 

 

 

Par Matthieu Roger

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19 février 2019 2 19 /02 /février /2019 15:51

Editions Pygmalion, 2018

 

 

Alors que le monde entier attend impatiemment la publication du prochain tome de la saga du Trône de Fer, G.R.R. Martin a choisi de revenir trois-cents ans auparavant pour conter l'unification des sept royaumes de Westeros sous l'égide des Targaryen. Son ambition est grande : livrer une véritable histoire de Westeros s'étendant sur plusieurs siècles. C'est pourquoi Feu et sang, qui sera poursuivi par un second opus à paraître, n'est pas un roman à proprement parler. Il s'articule sous formes de chroniques retranscrites par l'archimestre Gyldan de la Citadelle de Vieilleville. Si ce récit sous formes d'annales confère à l'ensemble une épaisseur et un réalisme historiques certains, il s'opère au détriment de la qualité littéraire. La narration des règnes de la dynastie Targaryen n'atteint jamais la vivacité et la fluidité du style d'écriture dont nous nous délectons avec Le Trône de Fer. Ce sont le début et la fin de l'ouvrage qui s'avèrent les plus passionnant, qui décrivent respectivement la conquête menée par le futur Aegon Ier et les hauts faits du roi Jaehaerys. Le reste peut parfois s'avérer longuet voire ennuyeux, ce à quoi l'auteur ne nous avait guère habitué jusqu'à présent. La lecture de Feu et sang est donc à réserver aux inconditionnels du Trône de Fer.

 

 

 

Par Matthieu Roger

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25 décembre 2018 2 25 /12 /décembre /2018 19:37

Les Éditions de Minuit, 1990

 

 

Jean Rouaud ravive avec Les Champs d'honneur l'histoire de sa famille, celle de ses grands-parents, de ses oncles, de sa tante. Il dresse de manière digressive leur portrait, avec une sensibilité et une tendresse qui n'est pas sans rappeler parfois celles qu'on peut retrouver chez Pierre-Louis Basse, Thimotée de Fombelle ou encore Christian Bobin. J'ai beaucoup aimé son style d'écriture, élégant, vif, toujours teinté d'humour. Première pierre posée d'un cycle de chroniques familiales qui se poursuivront ensuite sur plusieurs autres ouvrages, Les Champs d'honneur évoque sur sa fin la Première Guerre mondiale et sa barbarie, à cause desquelles décédèrent ses deux grands-oncles.

 

"Il y avait des mois que les trente étaient des millions, décimés, épuisés, colonie de morts-vivants terrés dans les boues de la Somme et de la Marne, lancés abrutis de sommeil dans des contre-attaques meurtrières pour le gain d'une colline perdue le lendemain et le massacre de divisions entières, pions déplacés  sur les cartes d'état-major par d'insensés Nivelle, plan Schlieffen contre plan XVII, tête-à-tête de cervidés enchevêtrés dans leurs ramures. Les règles de la guerre, si précieuses à Fontenoy aux ordres du dernier des condottières, provoquaient dans cette querelle d'arpenteurs de bilans d'abattoir et une esthétique de bauge." (p. 154)

 

L'auteur est capable de vous décrire pendant dix pages sans vous lasser un crachin de Loire-Inférieure, il sait saisir ses instants précieux révélant la nature profonde des hommes, il nous emporte avec lui aux côtés de ses ascendants qui auraient pu être les nôtres. Ce livre, son premier roman, reçut le Prix Goncourt en 1990. Même les critiques littéraires ne s'y trompèrent pas : Les Champs d'honneur est un récit qui ne peut qu'emporter l'adhésion du lecteur. Pour ma part je ne peux m'empêcher de conclure sur ce petit moment de grâce que Jean Rouaud nous offre dès le deuxième chapitre : "Il pleut avec une vivacité comique, un déluge presque enfantin au son rapide et joyeux. Et pour ce qui paraît un galop d'essai, comme un feu d'artifice lancé en plein jour, la largeur d'une rue suffit : à trois pas de là, le pavé est sec. Vous courrez vous abriter sous un porche ou l'auvent d'une boutique, vous vous serrez à plusieurs dans l'embrasure d'une porte. Et, preuve que nul n'en veut à cette pluie, les cheveux dégoulinants, on se regarde en souriant. Ce n'est pas la pluie, mais une partie de cache-cache, un jeu du chat et de la souris. D'ailleurs, le temps de reprendre son souffle et le ciel a retrouvé son humeur bleutée. Une éclaircie, vous avez déjà pardonné." (p. 25-26)

 

 

 

Par Matthieu Roger

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 15:37

Éditions Mnémos, 2013

 

On s'en était déjà aperçu avec Chien du heaume (2010) et Mordre le bouclier (2011) : Justine Niogret possède un trait de plume bien à elle, loin des standards de la littérature contemporaine. Mais le tour de force qu'elle réalise avec Mordred me laisse pantois, tant son style d'écriture s'y fait vivace, se déployant avec une force et une aisance qui nous placent devant une oeuvre majeure de la fantasy française. L'auteure n'a en effet pas son pareil pour nous immerger dans une littérature de la sensation, convoquant de manière puissante les cinq sens. Elle écrit la rouille, les odeurs lourdes de l'écurie, le crissements des armes, le râle des labeurs quotidiens, le cuir poli par les ans, le martèlement de la forge... Une manière extrêmement singulière et évocatrice d'emporter le lecteur au sein d'un tourbillon d'impressions, d'images, de tableaux qui font sensation, au sens premier du terme. Son talent est grand, mais ne se limite pas à cela : Justine Niogret excelle également dans la peinture des songes et des souvenirs. Il n'est pas difficile d'affirmer que ce Mordred baigne baigne dans la mélancolie et la nostalgie. Celles de l'enfance et des jours non corrompus par la maladie.

 

Aussi curieux que cela puisse paraître, cette fiction autour de Mordred, neveu du Roi Arthur, n'est rien d'autre que le récit d'une convalescence. Touché aux vertèbres lombaires par une affreuse blessure, le chevalier n'est plus que l'ombre de lui-même, tas de chairs informe et sans force perdu dans les affres de la douleur. À la manière d'une conteuse, Justine Niogret convoque ses ressouvenances et nous apparaît peu à peu un homme rempli de paradoxes, dont les seules certitudes sont l'amour qu'il porte à sa mère Morgause et à Arthur. Au fait de la légende arthurienne, on ne peut tout de même au fil du récit se poser la question de la trahison finale envers le roi. Aura-t-elle tout de même lieu ? L'auteure a-t-elle choisi de détourner la légende ? Si réponse sera donnée à cette question, me reste surtout l'impression d'avoir parcouru au côté du chevalier un espace-temps immémorial, une sorte d'immense poésie à ciel ouvert dont les hommes ne constituent que que l'imprédictible variable. Mordred est un livre à lire d'urgence, car il défriche magnifiquement les nouveaux horizons de la langue française. Un coup de maître.

 

 

Par Matthieu Roger

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24 juillet 2018 2 24 /07 /juillet /2018 16:40

Éditions Akileos, 2017

 

 

Nouveau coup de maître pour notre duo d'auteurs préféré avec ce troisième opus venant clore le premier cycle du Roy des Ribauds. On y retrouve le Triste Sire assiégé dans son propre quartier général en compagnie ses plus proches affidés, ainsi que le Grand Coësre, roi des tréfonds de Paris visé par un complot qu'il semble ignorer. Le lecteur retrouve ici tous les principaux personnages rencontrés au cours des deux premiers tomes, dont les destins ne vont pas manquer de s'entrechoquer au cours de brutaux combats. Ce livre III donne en effet la part belle à l'action et aux épées dégainées, mais sans jamais que la dramaturgie du scénario pâtisse de ce rythme effréné. C'est la tout le talent du duo Brugeas-Toulhoat, cette capacité presque cinégénique à nous immerger dans l'intrigue et à ne nous laisser respirer qu'une fois la dernière page tournée ! La narration est extrêmement bien pensée, nulle case ou vignette ne s'avérant gratuite. Elle en cela rehaussée par la magnifique palette chromatique servie par Ronan Toulhoat, voyageant du bleu-mauve à l'orange sanguine, en passant par des dégradés sépia du plus bel effet.

 

Le prologue des dernières pages indique clairement qu'une suite du Roy des Ribauds sera à l'ordre du jour. Mais pour découvrir ce second cycle tant attendu, qui pourrait bien nous emmener jusqu'aux rivages de Sicile, il nous faudra patienter au plus tôt jusqu'en 2020. Quoi qu'il en soit, de mon côté le rendez-vous est d'ores et déjà pris !

 

 

 

Par Matthieu Roger

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17 juin 2018 7 17 /06 /juin /2018 14:06

Éditions Mnémos, 2017

 

 

Le premier tome de Sénéchal publié par Grégory da Rosa, chroniqué sur ce site, nous avait littéralement happés, et c’est avec grande impatience que nous attendions donc la sortie de ce Sénéchal II. Pour le dire de manière lapidaire, le second opus de ce jeune auteur français âgé de seulement vingt-neuf ans tient plutôt ses promesses. Je dis « plutôt » car j’ai tout de même ressenti une grande différence entre la première partie du roman, qui souffre à plusieurs reprises de certaines longueurs, et la seconde, qui confère à la narration un nouveau rythme des plus enlevés, jusqu’au climax scénaristique final annonçant le troisième et dernier volet de la trilogie. Dommage en effet que la première partie de Sénéchal II, où nous retrouvons le protagoniste principal Philippe Gardeval, sénéchal de la capitale assiégée de Méronne, s’empêtre en quelques descriptions psychologiques redondantes, là où les actions ou les paroles des personnages se suffiraient à elles-mêmes. Mais l’intention de l’auteur est en même temps louable, car il s’agit dans un premier temps de resituer les enjeux politiques exposés au cours du premier tome, voire même, à un niveau plus ambitieux, de dessiner une cartographie culturelle et civilisationnelle des royaumes circonscrivant la Mer Mélianthe (géographie, système politique, organisation féodale, religion, diplomatie, etc.). Là où les choses deviennent les plus intéressantes, c’est lorsque l’action se débride et nous entraîne au cœur de la bataille décimant les deux armées ennemies. Il y a là de la magie puissante à la Glen Cook et des rebondissements à la G.R.R. Martin, rehaussés par un style d’écriture qui constitue selon moi le point fort de Grégory da Rosa. Celui-ci offre au lecteur une écriture précise et vivante, réutilisant à foison un vocable vieux français moyenâgeux et inventif, qui colle parfaitement à l’ambiance tragique des félonies et de la magie noire à l’œuvre tout autour de Philippe Gardeval. Mais pour quel dénouement ? Une nouvelle fois, il nous faudra attendre…

 

Par Matthieu Roger

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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 13:00

Éditions de Crémille, 1991

 

 

À la lecture des Rois Maudits on comprend mieux pourquoi G.R.R. Martin considère cette oeuvre comme un monument de la littérature et une source d'inspiration inégalable pour son Trône de Fer. Cette grande fresque historique démarre au début du XIVe siècle et conte dans ce premier tome le règne de Philippe IV dit le Bel, l'aboutissement de ses menées contre l'Ordre de des Templiers, ainsi que les secrets de certains membres de la maison royale. Jusqu'aux prémices d'un des plus longs conflits de l'histoire de l'humanité, à savoir la guerre de Cent Ans (1337-1453).

 

Alors, pour reprendre ici le titre de ce premier opus, s'agissait-il vraiment d'un roi de fer ? Tout le talent de Maurice Druon consiste, par petites touches, à laisser paraître l'homme derrière la figure du roi de France. Le père d'Isabelle de France, reine d'Angleterre, et des futurs Louis X, Philippe V et Charles IV, était certes dur et inflexible, mais seul comptait pour lui en fin de compte l'extension de l'influence et du territoire de la couronne de France. Ce qui fait la force de ce roman historique, c'est la galerie de personnages dont sont dépeintes les destinées, Maurice Druon s'attardant à saisir les caractères et visées des uns et des autres, là où la recherche du pouvoir fait le plus souvent office de graal. Certains protagonistes que l'ont pourraient croire secondaires, tels Enguerrand de Marigny ou Robert d'Artois, nous rappellent que l'Histoire avec un grand H ne s'est faite qu'à l'aune des ambitions personnelles. Or au petit jeu des luttes de pouvoir, le défait d'un jour peut fort bien devenir le champion du lendemain. Voici un ouvrage à ouvrir et à lire sans hésiter plus longtemps !

 

 

 

Par Matthieu Roger

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15 août 2017 2 15 /08 /août /2017 15:43

Éditions ActuSF, 2015

 

 

L'action du Royaume de vent et de colères prend place en 1596 à Marseille, lorsque la cité phocéenne rebelle, soutenue par la marine espagnole, se retrouve assiégée par les troupes royales de Henri IV. Au coeur de cette atmosphère lourde et incertaine, cinq individus se débattent pour survivre. Il y a là Gabriel, le vieux chevalier autrefois huguenot et désormais rallié à la cause catholique, Victoire, la chef d'une guilde d'assassins, Silas, son lieutenant turc, Axelle, ancienne mercenaire devenue aubergiste, et Armand, magicien fuyant le pouvoir régalien. Tout le talent de Jean-Laurent Del Socorro est d'orchestrer sur une seule journée les destins croisés de ses cinq protagonistes, alternant les chapitres très courts (pas plus de quatre ou cinq pages) consacré chacun à l'un d'entre-eux. Ce séquençage de la narration, très télégénique, confère au récit de ce roman un rythme nerveux et enlevé, qui nous accroche sans jamais vraiment nous lâcher. Comme le dit lui-même l'auteur, l'intention était de "centrer le roman sur l'histoire des personnages". De manière plus globale, Royaume de vent et de colères se divise en trois grandes parties. "Le premier acte de mise en place du récit avec une première rencontre avec les protagonistes. La deuxième partie, composée de flash-backs épars, dévoile l'histoire de chaque personnage qui va expliquer leur choix dans le présent. Le troisième et dernier acte amène les résolutions de ces destins entremêlés." La deuxième partie, qui nous fait parfois remonter jusqu'à plus de vingt-cinq ans avant le siège de la ville, aurait pu nuire au déploiement de l'action. Mais ces flash-backs sur le passé plus ou moins secret des héros leur ajoute finalement une épaisseur psychologique bienvenue.

 

Récipiendaire du Prix Elbakin 2015, ce livre réussit à mêler avec brio fiction et événements historiques réels. Les enjeux propres aux guerres de religion conditionnent les complots ourdis ou subis par nos impétrants, en un savant mélange de stratégie politique, d'action, de mystérieux et de codes d'honneur ô combien singuliers. Bref, autant d'ingrédients qui font mouche sans laisser le lecteur sur sa faim.

 

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite