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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 10:34

Éditions Mille et Une Nuits, 2007

 

 

 

Dans la bibliographie d'Ernesto Rafael Guevara de la Serna, Voyage à motocyclette est un écrit de référence. Rédigé alors qu'il n'était encore qu'un étudiant en médecine grandissant dans une famille bourgeoise à l'abri de tout besoin, il contient les prémices de réflexions qui l'amèneront à devenir le Che. Pourtant, le 29 décembre 1951, lorsqu'il enfourche Poderosa, la Norton 500 de son ami Alberto Granado avec qui il s’apprête à parcourir l'Amérique latine, il est loin des luttes qui l'ont plus tard rendu célèbre. Ernesto va bientôt avoir vingt-quatre ans et c'est avec des cahiers, des crayons, un sac sur le dos et une bonne dose d'insouciance dans les poches qu'il entame ce voyage qui, au fil des kilomètres, se révélera initiatique. Ce périple, le premier d'envergure du futur guérillero, raconte dans un premier temps leur quotidien. Il évoque leur épopée, la description des paysages qu'ils traversent et leurs déboires (le froid, la chaleur, les moustiques, la fatigue, la faim, les chutes...) rythmés par les crises d'asthme d'Ernesto. Ces quelques notes prises sur des carnets constituent un simple témoignage de deux amis partis assouvir un caprice d'errance et d'aventure vers l'inconnu et remplissent les pages blanches d'inoubliables souvenirs de route.

Au fur et à mesure de leurs pérégrinations à travers l’Amérique latine, le ton change. L'œil de l'auteur fixe moins la nature, attiré progressivement par les sociétés qui l'entourent. Les descriptions de paysages, le romantisme du voyage et les plaisirs de la bonne bouffe et du vin s'effacent derrière les portraits de ceux qui croisent son chemin. C'est une énième panne de Poderosa, la dernière, obligeant les deux amis à continuer ce périple à la seule force du pouce et des jambes, qui va marquer un réel tournant dans le récit. Désormais au contact des populations, Ernesto va progressivement s'immerger dans le quotidien de peuples opprimés, vivant dans la misère et l'insalubrité et ne bénéficiant que de soins précaires. Visitant les mines de sel et les léproseries, il prend conscience des réalités sociales des ouvriers et des malades enclavés dans l'exploitation, l'ostracisme ou encore le mépris.

C'est en désirant découvrir le monde qu'Ernesto croise son destin, se construisant par ses rencontres et ses désillusions sur la civilisation, loin de la sphère politique actuelle qui a perdu contact avec ses administrés. Même s'il ne le sait pas encore, il a déjà rendez-vous avec l'Histoire ! À travers ces péripéties de baroudeur, nous percevons un autre visage (drôle, facétieux, intelligent et débrouillard) de la future figure de la révolution cubaine, orateur hors pair, craint par ses adversaires autant que par ses amis. Le révolutionnaire se construit, mais c'est le cœur qui prend les armes en premier !

 

Ce qui n'était qu'un carnet de voyage de l'Argentine à Miami en passant par le Chili, la Cordillère des Andes, le Venezuela, la forêt équatoriale, la Colombie, etc., destiné à rester dans un fond de tiroir du jeune étudiant en médecine, est devenu un témoignage historique et sincère, car aucunement promis à une quelconque édition. Un ouvrage pertinent, lucide et d'une maturité indéniable malgré l'innocence de l'auteur dont la plume se révèle d'une grande qualité. Un livre qu'il faut incontestablement posséder dans sa bibliothèque !

 

 

Par KanKr

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12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 11:00

Éditions Steidl, 2013

 

 

Intrigués par les ruines et l'abandon de patrimoines humains, Yves Marchand et Romain Meffre laissent cette fois traîner leurs appareils photo sur la côte sud-ouest du Japon, à quinze kilomètres de Nagasaki. Après Détroit, ils investissent Hashima, une île-cité qui s'est développée au début du XXe siècle autour d'un gisement de houille. Cet infime sosie de l'archipel japonais, surnommé Gunkanjima (île cuirassée) pour son aspect de puissant navire de guerre, se traverse aisément le temps d'une cigarette. Son habit de béton et les hautes murailles qui l'encerclent lui donnent, à tort, l'apparence d'un Alcatraz nippon. Bien que concentrée, architecturalement et démographiquement (5 259 habitants en 1929 pour une surface de 480 mètres sur 160), la vie y était plus agréable qu'ailleurs. On y trouvait tous les services et équipements importants (école, cinéma, gymnase, hôpital, dentiste, restaurant, magasins, etc.). Sa terre infertile, l'absence de végétation et son climat hostile n'ont pas empêché trois générations de Japonais de s'y succéder. Son poumon de charbon, découvert en pleine révolution industrielle, marquera sa prospérité, notamment pour subvenir à la forte demande engendrée par la guerre.

Mitsubitchi, conscient de son fort potentiel, acheta l'île et la développa pour en faire une institution de l’exploitation du diamant noir. La cité minière, résidence des employés, a grossi autour du puits dont des tunnels descendaient sous le niveau de la mer, là où se trouvaient les bancs de charbon. L'île atteignit ainsi la plus forte densité de population connue au monde, au point d'utiliser les déchets des forages pour étendre sa surface au sol.

 

Gunkanjima, aujourd’hui désertée de ses habitants et de toute activité économique, est devenue un vestige de l'ère industrielle, mais aussi un symbole des sociétés modernes fondées sur l'éphémère et l'obsolescence programmée. Désormais récif fantôme à l'architecture froide et austère, expression d'une idéologie et d'un dévouement à la production, depuis le début de l'année 1974 et l'avènement du pétrole et du nucléaire, elle a été livrée aux intempéries et aux vents marins. Ce sont ce délabrement, ces ruines esthétiques, ces empreintes laissées par l'histoire, à la fois sinistres et poétiques, que sont venus saisir les deux auteurs. À travers cet ouvrage, ils nous livrent une vision inquiétante de l'avenir de toute entreprise humaine, abandonnée à son propre silence, sa décomposition et sa futilité.

 

 

 

Par KanKr

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3 mai 2015 7 03 /05 /mai /2015 16:26

Éditions Steidl, 2010

 

 

Détroit, l'intrigante métropole fantôme, traîne péniblement le poids de son passé. Jadis berceau de l'automobile et du fordisme, modèle mondial de la production de masse et de l'industrialisation, ancien arsenal de la démocratie dévolu à l'effort de guerre, cet eldorado moderne, à la pointe du luxe et de l'industrie, est devenu une cité martyre de l'ère capitaliste. La délocalisation des grands complexes industriels vers des états et des pays à la main-d’œuvre non syndiquée, plus docile, bon marché ainsi que la désertification urbaine progressive ont mené à sa mise en faillite avec une dette s’élevant à 18,5 milliards  de dollars. Elle est le symbole du rêve américain autant que de son déclin.

Dans cet ouvrage, ce sont ces deux extrêmes qu'Yves Marchand et Romain Meffre mettent en exergue. Du grandiose des fastueux édifices néo-classiques aux ruines des moindres pavillons, ils nous livrent le portrait de Détroit, ville de moins de 14 000 habitants aujourd’hui, portant les stigmates de son apogée durant les années 30 lorsque 53 000 habitants la peuplaient encore. Ce regard postindustriel témoigne de l'effondrement d'une société victime de son propre système.

Le temps de parcourir 220 pages de photographies, les auteurs nous entraînent à travers le cœur historique de la ville, le Downton, les usines du Motown, les quartiers périphériques, jusqu'à ses illustres hôtels et sa prestigieuse Michigan Central Station. L’album nous fait revivre la tumultueuse histoire de l’orgueilleuse et décadente Détroit, offrant un dernier souffle à ces ruines prisonnières de leur postérité. Le lecteur évolue de page en page dans un univers improbable digne d'un décor de film. On se sent infiniment petit et embarqué par la nostalgie, perdu au milieu d'édifices encore impériaux dont les murs exhibent l'empreinte des déboires de la cité. Entre friches industrielles et immeubles délabrés, dévorés par le temps et délaissés à la décrépitude, la ville oubliée à son obsolescence a abdiqué face à la nature qui a repris ses droits. Dans les bâtiments désaffectés, révélant la précipitation du départ des habitants, objets, meubles, livres, jouets qui n'ont pas encore été pillés, jonchent le sol et les étagères. L'ouragan de la crise a fait fuir la population, qui a tout abandonné sur place, offrant une vision du déclin presque irréelle, qui semble n'être qu'une mise en scène préparée pour les besoins du recueil.

 

Yves Marchand et Romain Meffre réalisent ici un coup de maître en réussissant, via ces quelques clichés, à arrêter le temps. Le lecteur partage la neurasthénie d'une métropole plongée dans le coma, scène d'un chômage élevé, de tensions socio-ethniques, de violence, de trafic en tout genre, qui tient encore debout, pétrifiée dans l'histoire malgré l'incendie qui l'a ravagée en 1805.

Alors qu'on estime qu'environ 84 641 constructions sont inhabitées, dont 40 077 trop vétustes pour espérer une seconde vie, sa devise Speramus melhora ; resurget cineribus (Nous espérons des temps meilleurs ; elle renaîtra de ses cendres) n'a jamais eu autant de sens qu'aujourd'hui. L'avenir nous dira si ses ambitions de « ville phénix » suffiront à la soustraire à son inéluctable désintégration.

 

 

Par KanKr

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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 08:26

Éditions Phébus, 2008

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Pendant toute sa vie (1850-1923), le capitaine de navire Pierre Loti, de son vrai nom Julien Viaud, a sillonné les mers et terres lointaines, en Inde, à Tahiti, en Turquie, au Sénégal... Une passion du voyage qui n’aura d’égale que sa soif d’écrire et de retranscrire, lui permettant d’être élu à l’Académie française en 1891. L’Inde (sans les Anglais) relate son voyage entrepris de décembre 1899 à mars 1900 à travers toute la péninsule indienne. À cheval sur deux siècles, il nous offre ainsi un regard inédit sur l’Inde brahmanique d’autrefois.

 

Pierre Loti possède un style d’écriture chatoyant, et offre ici un très beau récit de voyages, rempli de lyrisme et de couleurs. J’en veux pour preuve cette peinture toute en nuances d’un crépuscule maritime : « L’horizon, rouge à la base, puis violet, puis vert, puis couleur d’acier, couleur de paon, est nuancé par bandes comme un arc-en-ciel. Les étoiles brillent tellement qu’on les dirait ce soir rapprochées de la terre et, du point où s’est couché le soleil, partent encore de grandes gerbes de rayons, très nets, très accusés, qui traversent toute la voûte immense, comme des zodiaques roses tracés dans une sphère bleu sombre. » (p.26). Mahé des Indes et L’Inde (sans les Anglais) fourmillent de panoramas spectaculaires, de recoins inexplorés et de rencontres surprenantes. Lecteurs allergiques aux longues et riches descriptions s’abstenir… Cet ouvrage nous transporte dans une atmosphère des plus dépaysantes, au cœur d’une Inde aux contrastes extraordinairement prononcés. Les miséreux et les indigents y côtoient les palais les plus luxueux, la luxuriance des forêts vierges tranche sur le rouge sang des tapis poussiéreux des régions désertiques. Pierre Loti remémore le charme suranné des anciennes colonies françaises. Il découvre d’antiques cités en ruines et visite à la lueur des bougies des temples sombres et insoupçonnés, creusés il y a de cela des siècles au cœur de roches ancestrales. Il s’enfonce peu à peu au sein d’une contrée régie par une religiosité omniprésente. L’Inde de 1900 ressemble de fait à une juxtaposition d’étranges cartes postales : cortèges de noce, brasiers funéraires, fakirs, temples interdits, kiosques chamarrés, femmes aux voiles arcs-en-ciel, marchands affairés, horreurs cadavériques, animaux sacrés et essences tropicales se bousculent et forment un tout indicible. Arrivé sur l’île de Ceylan en quête d’une nouvelle spiritualité, l’auteur clôt quatre mois de voyages initiatiques avec regrets, mais sans nouvelle certitude.

 

 

Par Matthieu Roger

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 19:49

Éditions de La Martinière, 2000


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Les Éditions de La Martinière ne m’ont jamais déçu, elles qui se veulent une maison référence en ce qui concerne les livres prestigieux sur la photo, la nature, le voyage, l'art, le patrimoine et la spiritualité. Elles font une nouvelle fois mouche avec cet ouvrage de photographies intitulé Déserts d’Afrique. Un ouvrage que l’on doit à Michael Martin, homme aux multiples facettes, à la fois géographe de formation, grand voyageur devant l’éternel, président de la Gesellschaft für Bild und Vortrag, et sociétaire de l’agence de photo Look. Il nous emmène avec lui dans les profondeurs désertiques de l’Afrique, mettant en relief ses splendides clichés par des textes courts abordant la géographie et l’ethnologie de ces contrées. Désert d’Afrique est scindé en quatre grands chapitres, qui nous présentent avec force d’images la Sahara, le Kalahari, le Namib, et la vallée du Rift. Difficile de résister à la munificence des soleils couchants, des dunes à perte de vue, des massifs rocheux façonnés par le temps de l’érosion… Cet état naturel à première vue inhospitalier ne doit pas faire oublier les cultures et les civilisations ancestrales qui s’y sont développées depuis des siècles. Fidèle à sa démarche de toujours, Michael Martin photographie aussi les tribus, les villages, ces hommes et ces femmes qui incarnent les déserts africains. Il en parle également avec un profond respect, voulant retranscrire « la force prodigieuse et la grande joie de vivre » qui les animent. La noblesse de l’Afrique s’exprime ainsi au travers de la diversité de ses paysages et de ses habitants. Sa beauté rayonne aussi bien sur les mers sans eau du Sahara qu’à travers le territoire des nomades de la vallée du Rift ou sur le faîte des dunes immenses du plus vieux désert du monde (le Namib). Coup de cœur personnel : les teintes orangées du Namib, d’un éclat à couper le souffle !

 

Plus accessible à la lecture que les textes du Désert de Monod, Déserts d’Afrique constitue une invitation au voyage et au rêve qui ravira les amateurs de beaux livres et de très belles photographies.

 

Par Matthieu Roger

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 20:13

Éditions Minerva, 1997

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À l’instar du Déserts de Théodore Monod et Jean-Marc Durou, déjà présenté sur ce blog, voici un beau livre qui ne déparerait pas au pied du sapin de Noël. Trois Américains, Jay Apt, astronaute, Michael Helfert, climatologue, et Justin Wilkinson, géographe, se sont réunis afin de rassembler les plus belles photos jamais prises par des astronautes depuis les hublots de leurs navettes spatiales. Issue d’une collecte de plusieurs milliers de clichés, leurs sélection s’avère être de toute beauté, pour le plus grand plaisir de nos yeux. Le lecteur – où devrais-je plutôt dire le spectateur – découvre la Terre comme il ne l’a jamais vue, perché à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de sa surface. On mesure alors le privilège inouï de ces astronautes à qui il est permis d’embrasser d’un seul coup d’œil des surfaces entières de notre planète. Au fil des pages et des photographies, plus magnifiques les unes que les autres, s’offrent à nous les étendues immenses des chaînes montagneuses, des déserts, des mers, des forêts, des mégalopoles, ainsi que la vision d’impressionnants phénomènes climatiques, tels ces superbes aurores boréales ou bien encore ces typhons et cyclones de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre. Les films originaux des photos spatiales ont été digitalisés et édités sur ordinateur, ce qui assure aux photographies reproduites dans ce livre une netteté quasi parfaite.

 

Les auteurs d’Orbite ont choisi de présenter les photos continent par continent, avec en début de chapitre une introduction qui présente leur évolution géophysique. Un moyen de rappeler, en plus des légendes qui décrivent les panoramas, que l’observation du globe terrestre décloisonne les disciplines scientifiques. Les clichés pris en vol par les astronautes ne constituent pas seulement un émerveillement visuel, ils sont aussi étudiés à terre par une multitude de scientifiques, qui peuvent par exemple dégager certaines tendances géomorphologiques ou climatiques. De fait, de nombreux problèmes localisés sont visibles depuis l’espace : la disparition de la mer d’Aral, l’obstruction des rivières de Madagascar, la coloration des lacs de Sibérie à cause des pollutions industrielles, etc. Si les photos d’Orbite permettent une contemplation inédite de l’immensité majestueuse de la Terre, elles témoignent également de cette « Terre si fragile» évoqué par  John Glenn.

 

Pour plus d’informations sur les photos de la Terre prises par les astronautes américains depuis l‘espace, vous pouvez vous rapporter à l’adresse Internet suivante : http://eol.jsc.nasa.gov/sseop/EFS/

 

Par Matthieu Roger

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 15:47

Éditions Hachette, 2001

cover les banlieues

 

 

Hervé Vieillard-Baron, géographe, chercheur au CNRS, propose ici un manuel sur le thème des banlieues auquel il a déjà consacré plusieurs ouvrages. Si on peut reprocher à celui-ci son côté scolaire, il offre cependant une remarquable synthèse sur ce sujet on ne peut plus sensible. Synthèse qui se trouve être au croisement de la géographie, de la sociologie, de l’histoire et de la politique.

Il replace admirablement bien la problématique des banlieues dans leur contexte. Il ne fait ainsi pas l’économie des différents traitements politiques de la banlieue (des politiques incitatives aux politiques de déconstruction), n’hésitant pas à poser un regard critique sur celles-ci. Il fait le point sur les projets, sur la « cité idéale », tout en marquant bien la distinction entre deux notions essentielles : le territoire rêvé et le territoire vécu. Notions qui renvoient bien sûr à la géographie mais aussi à la sociologie et pour laquelle un important travail de terrain est nécessaire.

Mais ce qui nous intéresse plus particulièrement ici est le relief donné à la situation française dans un contexte mondialisé. Il passe ainsi en revue les différentes problématiques que l’on retrouve au niveau mondial : explosion démographique des villes asiatiques et donc de leurs périphéries, pauvreté des banlieues-bidonvilles des villes sud-américaines avec la mise en place de politiques radicales (dites de déguerpissement), gated communities aux Etats-Unis (phénomène des banlieues riches qui se referment sur elles-mêmes), etc.

Autant de cas différents, de démonstrations palpitantes et d’ouvertures sur un monde en mutation, où l’on s’aperçoit du particularisme même de la notion de banlieue, qui n’a rien d’universelle. Et où l’on entrevoit aussi une géographie culturelle de la ville. Il suffit pour cela de se tourner ne serait-ce que vers notre voisin allemand, qui a en général réussi à réaliser à une certaine échelle la mixité sociale, en ne mettant pas systématiquement « la banlieue » en-dehors de la ville.

Ce livre est à lire d’urgence pour mieux comprendre à la fois le problème des banlieues françaises et leur restitution dans un contexte mondialisé. Une posture qui nous donne les clés pour aborder un grand nombre d’autres problématiques sociales.

 

Par Thomas Roger

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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 14:11

Éditions Bower, 2007

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On ne présente plus Théodore Monod, savant multidisciplinaire et explorateur décédé en 2000, dont le texte structure cet ouvrage. Mais le véritable intérêt de Déserts réside surtout dans la beauté des photographies sélectionnées par Jean-Marc Durou, ancien guide saharien devenu photographe professionnel. Le grand format du livre que nous proposent ici les éditions Bower – 32 cm × 56 cm en double page – permet de prendre toute la mesure des clichés pris aux quatre coins du monde par une vingtaine de photographes. Les pages se tournent en une invite au voyage par laquelle on se laisse prendre progressivement, happé par l’intensité des étendues désertiques, baigné par les rayons du soleil couchant qui caressent les dunes. Le texte théorique et parfois un peu barbant de Monod se trouve ainsi magnifié par une galerie de magnifiques photos qui dévoilent tous les déserts du monde : Namib, Kalahari, Sahara, Mohave et Sonara nord-américains, steppes du Turkestan, déserts centrasiatiques, diagonale Pérou-Patagonie, etc. Au-delà du danger primaire que représentent pour l’homme ces étendues arides, comment ne pas être subjugué par la majesté des dunes de Baidan Jaran (Mongolie intérieure) ou de l’Edeyen de Mourzouk (Libye) ?!

 

Cette épopée visuelle, qu’elle s’avère initiatique ou non pour le lecteur, doit nous permettre de nous interroger sur l’importance géographique et géostratégique des déserts. En effet, ceux-ci, en plus de représenter environ un tiers des terres immergées, participent, à l’instar des plus grandes forêts ou réserves naturelles, au bon fonctionnement de l’écosystème global de notre planète. À ce sujet je soumets à votre attention un rapport des plus intéressants du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, intitulé « L’Avenir des Écosystèmes Désertiques de la Planète » et disponible en français à l’adresse suivante :

http://www.unep.org/geo/news_centre/pdfs/French_Executive_Summary.pdf

 

Déserts est un témoignage géographique primordial à l’heure où l’accélération du temps et l’anthropie doivent être reconsidérées à l’aune des grands défis écologiques du XXIe siècle. Un livre à feuilleter, encore et toujours.

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite