Éditions Mnémos, 2020

Après un premier tome plus que réussi, Thibaud Latil-Nicolas reprend son cours des événements avec Les Flots sombres, à l’heure où le Bleu-Royaume se voit assailli par des hordes de créatures monstrueuses et féroces, les « mélanpyges ». Les soldats survivants de la neuvième compagnie des légions du roy se sont constitués en un corps franc sous le nom de « Chevauche-Brumes ». Et ils sont prêts à tout pour arrêter le cataclysme apocalyptique qui frappe le monde connu…
Ce qui est intéressant avec ce deuxième opus – un troisième tome reste à publier – c’est la dimension politique conférée au récit, qui lui donne une profondeur nouvelle. L’opposition irrémédiable qu’on voit poindre entre le culte d’Enoch et le pouvoir royal incarné par le Régent, qui n’est pas sans rappeler le combat entre la Foi Militante et Cersei dans Le Trône de fer, va ainsi littéralement redistribuer les cartes. Mais cette exploration des coulisses du pouvoir ne conduit pas l’auteur à abonner la psychologie de ses personnages, bien au contraire ! On retrouve donc avec plaisir les principaux protagonistes de Chevauche-Brumes, notamment le jeune mage Jerod dont la destinée s’avère centrale, et on fait même la connaissance de nouvelles têtes, à l’instar d’Ophélie, promue capitaine d’un vaisseau de guerre lancé aux trousses d’un gigantesque monstre marin. Thibaud Latil-Nicolas prend soin de nuancer les personnalités et mobiles des acteurs du drame qui se joue sous nos yeux, sans jamais verser dans le manichéisme. D’où une narration fluide et agréable, dont le rythme s’accélère copieusement au cours du dernier tiers du roman, soutenu par un suspense insoutenable. Une belle œuvre de fantasy, originale et fort bien écrite, dont on ne demande qu’à poursuivre la lecture !
Par Matthieu Roger