Éditions Verdier, 2015

Dans Lisières du corps Mathieu Riboulet a rassemblé six courts portraits masculins, six portraits remplis de désir et d’érotisme. Car ici l’enjeu est bel est bien de décrire la tension sexuelle dans son rapport le plus charnel au corps, d’en explorer les non-dits, les chemins de traverse, tout le champ des possibles. Mathieu Riboulet, décédé en 2018 à l’âge de cinquante-huit ans, propose ici sa vision du désir homosexuel, une vision hédoniste s’inscrivant dans une temporalité de l’éphémère. Son écriture est extrêmement rythmée, se déployant via de longues phrases entrecoupées de multiples virgules ; ce souffle est autant celui de l’écriture que celui des corps qui s’entrechoquent et s’agrègent. Une vision du corps sans doute trop singulière pour pouvoir toucher chaque lecteur, mais dont la sobriété des mots, souvent crus, témoignent d’un souci constant de l’authenticité. Laquelle n’en devient que plus touchante lorsque l’amour affleure de peau, comme c’est le cas dans le dernier texte initulé Ljubodrag Muruzovic. En fin de compte, subsiste l’impression permanente que Lisière du corps n’échappe jamais à ses propres contradictions. Celles d’une expérience intime saturée d’intermittences, ou pour le dire encore autrement, celles d’une tentative forcément vaine de retranscrire l’ineffable.
De nombreux articles de presse et documents audio et vidéo sont disponibles ICI sur la page des Éditions Verdier consacrée à l’auteur.
Par Matthieu Roger