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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 00:29

Éditions Gallimard, 2008

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J’avoue qu’il y a quelques jours encore je ne connaissais encore pas ce grand poète contemporain qu’est Christian Bobin. Je suis tombé sur La Présence pure et autres textes au détour des rayons d’une librairie, et les deux ou trois extraits parcourus m’ont tout de suite semblés porteurs des plus belles promesses. Acquisition coup de cœur en forme de coup de poker gagnant, puisque la lecture de ce recueil de prose poétique m’a transporté dans les limbes de la félicité littéraire.

 

Cet ouvrage regroupe dix textes différents, qui confrontent tous l’homme à sa propre finitude : L’Autre Visage, Lettre pourpre, Le feu des chambres, Le baiser de marbre noir, Dame, roi, valet, Mozart et la pluie, Un désordre de pétales rouges, L’Équilibriste, La Présence pure, et Le Christ aux coquelicots. L’étendue du champ d’investigation de ces textes-poèmes est tellement vaste qu’il ne pourrait se résumer en quelques phrases. Sachez juste que l’écriture de Christian Bobin est forte, d’une force à la fois sensible et juste, puissamment mélancolique. Cette sensibilité à fleur de peau, ou devrais-je dire à fleur de prose, est si magnifique qu’elle m’a à plusieurs reprises amené les larmes aux yeux. La beauté de son écriture n’est pas descriptible, elle se vit au fil des mots qui inondent l’esprit du lecteur pour l’emmener vers une lucidité parfois triste mais jamais morose. Car on le comprend assez vite, l'auteur est un amoureux des hommes et de la nature, dont il raccroche la vie à l’immanence de Dieu.

Ce sont L’Autre Visage et La Présence pure qui m’ont le plus bouleversé, ces deux chef-D’œuvres méritant à eux seuls le détour. L’Autre Visage énonce ce que l’Homme tel qu’il aurait pu devenir adresse à l’humanité d’aujourd’hui : « Chez vous le temps s’entasse – et puis se fane. / Chez nous le temps se perd – et puis fleurit. » En trente pages le poète nous offre un panoptique mystérieux et universel, où « la parole est plus que le monde, plus que le ciel et le soleil ». Quant à La Présence pure, qui constitue sans doute le texte le plus émouvant du recueil, Christian Bobin y dresse un parallèle entre un arbre et son père, gravement touché par la maladie d’Alzheimer. Cette réflexion poignante sur la mort qui nous guette tous lui permet d’isoler la joie et la bouleversante humanité qui réside en chacun de nous. Les sens et la poésie ont alors ceci de magique qu’ils nous nous conduisent à voir au-delà des apparences. Car au final « à quoi cela sert-il de demander ce qu’est la mort, puisque la porte qui s’ouvrira alors est magnifique, même si elle donne sur un terrain vague ? »

 

La Présence pure et autres textes m’ont remué au plus profond de moi comme rarement. Ce livre m’accompagnera sans doute encore longtemps, tellement sa lecture bouleverse et questionne. Dans Le baiser de marbre noir on peut lire : « Je m’allongerai sous tes paupières. Lorsque tu les baisseras pour t’endormir, je lancerai de l’or dans ton sommeil. De l’or et des songes pareils à des nuages. » (p.68). En effet, c’est bel et bien d’or et de songes pareils à des nuages que l’auteur nous gratifie au fil de ces pages.

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite