Éditions Mnémos, 2017
Le premier tome de Sénéchal publié par Grégory da Rosa, chroniqué sur ce site, nous avait littéralement happés, et c’est avec grande impatience que nous attendions donc la sortie de ce Sénéchal II. Pour le dire de manière lapidaire, le second opus de ce jeune auteur français âgé de seulement vingt-neuf ans tient plutôt ses promesses. Je dis « plutôt » car j’ai tout de même ressenti une grande différence entre la première partie du roman, qui souffre à plusieurs reprises de certaines longueurs, et la seconde, qui confère à la narration un nouveau rythme des plus enlevés, jusqu’au climax scénaristique final annonçant le troisième et dernier volet de la trilogie. Dommage en effet que la première partie de Sénéchal II, où nous retrouvons le protagoniste principal Philippe Gardeval, sénéchal de la capitale assiégée de Méronne, s’empêtre en quelques descriptions psychologiques redondantes, là où les actions ou les paroles des personnages se suffiraient à elles-mêmes. Mais l’intention de l’auteur est en même temps louable, car il s’agit dans un premier temps de resituer les enjeux politiques exposés au cours du premier tome, voire même, à un niveau plus ambitieux, de dessiner une cartographie culturelle et civilisationnelle des royaumes circonscrivant la Mer Mélianthe (géographie, système politique, organisation féodale, religion, diplomatie, etc.). Là où les choses deviennent les plus intéressantes, c’est lorsque l’action se débride et nous entraîne au cœur de la bataille décimant les deux armées ennemies. Il y a là de la magie puissante à la Glen Cook et des rebondissements à la G.R.R. Martin, rehaussés par un style d’écriture qui constitue selon moi le point fort de Grégory da Rosa. Celui-ci offre au lecteur une écriture précise et vivante, réutilisant à foison un vocable vieux français moyenâgeux et inventif, qui colle parfaitement à l’ambiance tragique des félonies et de la magie noire à l’œuvre tout autour de Philippe Gardeval. Mais pour quel dénouement ? Une nouvelle fois, il nous faudra attendre…
Par Matthieu Roger