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17 juin 2018 7 17 /06 /juin /2018 14:06

Éditions Mnémos, 2017

 

 

Le premier tome de Sénéchal publié par Grégory da Rosa, chroniqué sur ce site, nous avait littéralement happés, et c’est avec grande impatience que nous attendions donc la sortie de ce Sénéchal II. Pour le dire de manière lapidaire, le second opus de ce jeune auteur français âgé de seulement vingt-neuf ans tient plutôt ses promesses. Je dis « plutôt » car j’ai tout de même ressenti une grande différence entre la première partie du roman, qui souffre à plusieurs reprises de certaines longueurs, et la seconde, qui confère à la narration un nouveau rythme des plus enlevés, jusqu’au climax scénaristique final annonçant le troisième et dernier volet de la trilogie. Dommage en effet que la première partie de Sénéchal II, où nous retrouvons le protagoniste principal Philippe Gardeval, sénéchal de la capitale assiégée de Méronne, s’empêtre en quelques descriptions psychologiques redondantes, là où les actions ou les paroles des personnages se suffiraient à elles-mêmes. Mais l’intention de l’auteur est en même temps louable, car il s’agit dans un premier temps de resituer les enjeux politiques exposés au cours du premier tome, voire même, à un niveau plus ambitieux, de dessiner une cartographie culturelle et civilisationnelle des royaumes circonscrivant la Mer Mélianthe (géographie, système politique, organisation féodale, religion, diplomatie, etc.). Là où les choses deviennent les plus intéressantes, c’est lorsque l’action se débride et nous entraîne au cœur de la bataille décimant les deux armées ennemies. Il y a là de la magie puissante à la Glen Cook et des rebondissements à la G.R.R. Martin, rehaussés par un style d’écriture qui constitue selon moi le point fort de Grégory da Rosa. Celui-ci offre au lecteur une écriture précise et vivante, réutilisant à foison un vocable vieux français moyenâgeux et inventif, qui colle parfaitement à l’ambiance tragique des félonies et de la magie noire à l’œuvre tout autour de Philippe Gardeval. Mais pour quel dénouement ? Une nouvelle fois, il nous faudra attendre…

 

Par Matthieu Roger

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24 mai 2018 4 24 /05 /mai /2018 11:57

Éditions Gallimard, 1952

 

 

 

Publié chez Gallimard en 1952 par Robert Merle, dont je ne saurai trop vous conseiller sa longue saga sur les guerres de religion intitulée Fortune de France (Éd. Plon, 1978-1985), cet ouvrage oscillant entre roman historique et biographie nous narre la vie de Rudolf Hoess, le commandant du camp d'Auschwitz durant la Seconde guerre mondiale. De son enfance jusqu'à son exécution finale par pendaison sur le lieu même de ses crimes, on assiste horrifié à l'ascension militaire de cet homme sociopathe et névrosé, doté d'une seule et unique obsession : obéir.

 

Obéir mais à quel prix ? Comment renier définitivement toute part d'humanité ? Robert Merle, grâce à un travail d'historien précis et documenté, nous confronte à l'incompréhensible ignominie de la machine d'extermination nazie. En mettant au point le système d'extermination sans doute le plus poussé de l'Histoire, Rudolf Hoess, alias ici Rudolf Lang, s'affranchit de toute conscience et jugement moral afin d'exécuter "son devoir" envers l'Allemagne. Tout le talent de l'auteur, à l'instar de ce que Jonathan Littell avait déployé dans Les Bienveillantes (Éd. Gallimard, 2006) avec son officier SS Maximulien Aue, c'est de nous immerger au coeur de la vie quotidienne d'un monstre à sang froid, méthodique et sans état d'âme. Une véritable plongée aux enfers tracée par un Rudolf Hoess psychologiquement insaisissable, qui n'exprimera jamais aucun véritable remord face au génocide dont il prit part au plus haut niveau. Il n'y a qu'a consulter son autobiographie, que Hoess rédigea en 1947 pendant sa détention, pour en être définitivement certain.

 

La Mort est mon Métier est un livre fort, marquant, forcément éprouvant mais excellemment bien écrit. Je l'ai lu d'une seule traite.

 

 

Par Matthieu Roger

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 11:09

Éditions Rue de l'échiquier, 2018

 

 

Démarrons sans préambule par un simple constat : Mémoires d'un frêne est un petit joyau de la bande dessinée. Avec cet album le Coréen Park Kun-woong déploie une maestria graphique et un sens de la narration remarquable, à mi-chemin entre la poésie et la tragédie la plus cruelle. En choisissant ici d'adapter une nouvelle inédite de l'écrivain coréen Choi Yong-tak, il revient sur l'épisode resté dans les mémoires comme "le massacre de la ligue Bodo", lors duquel les autorités sud-coréennes exécutèrent froidement en 1950 plusieurs dizaines de milliers de personnes soupçonnées d'activisme communiste révolutionnaire.

La profonde originalité de ces Mémoires d'un frêne, c'est que l'histoire nous est comptée par un jeune arbre, un jeune frêne de quelques années assistant incrédule et curieux à ces massacres de masse. Son point de vue d'arbre niché à flanc de vallée ne peut donc relever de l'ordre moral, mais le coup de crayon de Park Kun-woong met en exergue l'animalité des exactions commises, en changeant parfois les traits des victimes en ceux de moutons ou bovins menés à l'abattoir. Son art du dessin, qui dévide devant les yeux du lecteur un sublime noir et blanc, apparaissent telles des estampes à l'encre de Chine. Cet ouvrage à la fois très esthétique et saisissant ne peut laisser indifférent ; il constitue assurément un must have, à la croisée des chemins entre art graphique et histoire.

 

 

Par Matthieu Roger

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27 avril 2018 5 27 /04 /avril /2018 10:39

Éditions Gallimard, 1994

 

 

 

Leconte de Lisle, dont nous avions déjà chroniqué les Poèmes barbares sur ce site, nous offre avec ses Poèmes Antiques un autre petit bijou de la poésie française. Ici l'érudition se veut au service du style, afin d'évoquer les puissances tutélaires et les mirages de la nature. Comme le disait lui-même Leconte de Lisle, auquel Victor Hugo portait d'ailleurs une admiration sincère, "la poésie est trois fois générée : par l'intelligence, par la passion, par la rêverie". Trois états d'esprit utilisés pour ressusciter les légendes indiennes et l'époque hellénistique. L'auteur y réussit fort bien, maniant aussi bien les méandres religieux des hymnes védiques que le conte des épopées antiques.

 

Le poème Çunacépa offre par exemple quelques moments suspendus absolument sublimes :

 

"Et de ses beaux bras nus elle fit doucement

Un tiède collier d'ambre au cou de son amant,

Inquiète, cherchant à deviner sa peine,

Et posant au hasard sa bouche sur la sienne.

Lui, devant tant de grâce et d'amour hésitant,

Se taisait, le frond sombre et le coeur palpitant."

 

La Grèce antique n'est elle aussi pas en reste quant à la puissance d'invocation qui caractérise l'écriture de Leconte de Lisle, notamment dans Niobé :

 

"Dans sa robe de pourpre, immobile et songeur,

Il suit auprès des Dieux son esprit voyageur ;

Il règne, il chante, il rêve. Il est heureux et sage."

 

Pour reprendre notre propos liminaire, on voit bien que la rêverie, qui parcourt toute l'oeuvre de l'auteur, ne fait que répondre au désir légitime qui entraîne vers le mystérieux et l'inconnu. Avec à son service l'intelligence et la passion, cette rêverie parcourt ce recueil en long, en large et en travers, et n'a de cesse de narrer les aventures extraordinaires des héros de jadis.

 

 

Par Matthieu Roger

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23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 17:16

Dacres éditions, 2014

 

 

 

Publié par les éditions Dacres au sein de leur collection Mémorial de Verdun, qui a pour but de "contribuer au travail de mémoire effectué par le Mémorial au travers de récits, témoignages, études et essais", cet ouvrage revient sur les quatre années de combats acharnés qui défigurèrent la crête des Éparges, tout au long du premier conflit mondial. Nicolas Czubak, professeur d'histoire, et Pascal Lejeune, spécialiste de cette zone des Hauts de Meuse située non loin de Metz et de Verdun, font ici oeuvre d'historiens pour revenir à hauteur d'hommes, au coeur des boyaux de sape, des tranchées et entonnoirs de mines. Quatre ans au cours desquels soldats français et allemand s'écharpèrent pour quelques arpents de terrain, démontrant par là-même que la guerre de positions caractéristique de la Première Guerre mondiale n'était rien d'autre qu'une ineptie stratégique doublée d'une ineptie tactique, sans parler du désastre moral incarné par cette boucherie humaine.

 

Émaillant leur récit de plans et de nombreuses photos d'époque, les deux auteurs font explicitement échos aux deux grands témoignages littéraires laissés par Maurice Genevoix avec Ceux de 14 et par Ernst Jünger avec Orages d'acier. Genevoix et Jünger, deux écrivains passés à la postérité qui, eux aussi, comme tant d'autres, combattirent aux Éparges. Livrons ici un seul chiffre qui rend compte de l'hécatombe sur la crête des Éparges : de février à avril 1915, au plus fort des combats, pas moins de 20.000 hommes furent fauchés ou faits prisonniers pour la possession de cet éperon long de 1800 mètres et large de 800 mètres. Un chiffre hallucinant venant corroborer l'horreur des cadavres pulvérisés mélangés à la boue, sous le feu roulant et abrutissant des obusiers en tous genres. Après une telle lecture, difficile d'oublier ce qu'un chroniqueur allemand du 37e Reserve Infantiere Regiment, resté anonyme, rédigeait pendant la guerre en contemplant l'horizon mosellan : "Il n'y a aucun endroit sur le front de l'Ouest où beauté et horreur, vie florissante et mort crue se touchent si étroitement."

 

 

Par Matthieu Roger

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 13:34

Éditions Perrin, 2017

 

 

 

Le défi auquel s'attaque Patrice Gueniffey avec ce Napoléon et de Gaulle est de taille : il ne s'agit rien de moins que de mettre en parallèle les destins nationaux de ces deux grands personnages tutélaires de l'Histoire de France, tout en interrogeant de manière plus générale la place de la figure héroïque à travers les siècles. Ce n'est donc pas un hasard si le sous-titre de cet ouvrage annonce le parti-pris : "deux héros français". Battant en brèche l'approche structurelle et parfois maximaliste de l'École des Annales, il détourne l'exercice biographique afin de faire se dresser devant nous le génie politique propre au futur Empereur des Français et au futur Président de la République française, capables par leur seule volonté d'infléchir le cours des événements. Plus qu'une doctrine personnelle, c'est bel et bien un art du jugement dont firent montre Napoléon et de Gaulle. De même qu'ils revendiquaient un lien direct et personnel avec le peuple français, ils incarnèrent tous deux, dans des contextes extrêmement différents, l'homme d'État par excellence. Cette stature, ils ne la cultivèrent pas de la même manière. Là où Napoléon se prévalait d'une gouvernement par la guerre afin de mener à bien ses ambitions, de Gaulle appuyait son action politique sur le refus de tout idéalisme ingénu, couplé à un fort attachement aux principes moraux. Deux hommes, deux destins hors normes, deux visions du lien reliant le chef à la nation. Car comme le rappelle si bien Patrice Gueniffey, "l'héroïsme n'est pas seulement transgressif, il est profondément individuel, unique, non reproductible, incomparable".

 

L'auteur, historien spécialiste de la Révolution et de l'Empire et directeur d'études à l'EHESS, nous livre ici un livre remarquable, dont les sphères d'analyses dépassent largement la simple étude des vies respectives de Napoléon et de Gaulle. Le tout est très bien écrit et, si l'on excepte un dernier chapitre moins pertinent sur le Panthéon, ce "cimetière des héros", on en ressort saisi par sa réflexion sur la responsabilité collective porté par l'historiographie et la manière dont celle-ci peut construire ou déconstruire un roman national.

 

 

 

Par Matthieu Roger

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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 15:41

Éditions de La Martinière, 2017

 

 

Camille Lepage fut grande reportrice d'images, décédée en 2014 à seulement 26 ans. La jeune Angevine, fauchée par une balle alors qu'elle couvrait la guerre civile en Centrafrique, laisse malgré son jeune âge une oeuvre photographique puissante, révélant de manière extrêmement saisissante les conflits traversant le continent africain. Publié à l'initiative de sa mère, Pure colère rassemble une centaine de ses clichés, inédits ou non. Systématiquement légendées pour permettre d'en saisir le contexte, ses photos prises en Égypte, Soudan, Soudan du Sud, République centrafricaine, sont entrecoupées d'extraits de courriers envoyés par Camille Lepage à sa famille ou d'échanges avec plusieurs confrères reporters. Ce qui frappe chez cette photographe, au-delà d'un art du cadrage certain, c'est sa faculté à saisir les hommes et leur regard de manière crue et authentique. Reporter de guerre, reporter de la guerre, Camille Lepage n'en nie rien, ni ses morts ni sa profonde absurdité. Les images qu'elle nous fait parvenir jusqu'ici laissent coi, choquent, bouleversent, sans jamais s'aventurer aux lisières du voyeurisme. Une témoignage profondément saisissant laissé par la plus talentueuse JRI de sa génération.

 

Par Matthieu Roger

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29 janvier 2018 1 29 /01 /janvier /2018 14:35

Les Moutons électriques, 2015

 

 

 

Si cela n'est déjà fait, il vous sera difficile de vous procurer cet ouvrage, car son tirage effectué à seulement deux mille exemplaires est désormais épuisé. Pas étonnant du tout si l'on considère la qualité de cette édition limitée entreprise par Les Moutons électriques en association avec Elbakin, dont l'exposition encyclopédique des grands auteurs du merveilleux cohabite au côté d'une iconographie riche, superbe et originale. De nombreux spécialistes du genre, parmi lesquels on retrouve avec grand plaisir Ugo Bellagamba et Jean-Philippe Jaworski, ont accepté tour à tour de donner leur éclairage sur les grands écrivains - parfois illustrateurs - de fantasy. Après que l'introduction ait défini ce registre littéraire de plus en plus en vogue, défile sous nos yeux l'oeuvre de ces grands conteurs à l'imaginaire si fertile : Les Mille et Une Nuits, Perrault, Anderson, Lewis Caroll, J.R.R. Tolkien, Robin Hobb, G.R.R. Martin, etc. J'ai été ravi de retrouver leurs grands mythes qui ont bercé si longtemps mes lectures de l'imaginaire, mais le plus intéressant, avec ce grand panorama illustré, c'est sans doute de découvrir ces auteurs qui nous sont inconnus, et dont les notices biographiques suscite chez nous une curiosité inextinguible et soudaine, cette envie immédiate d'appréhender un nouvel univers, de feuilleter les pages à la rencontre de nouveaux héros. Arthur Rackham, Mervyn Peake, Micharl Moorcock, Neil Gaiman, autant de noms jusqu'alors inconnus, autant d'invites pour de nouveaux voyages. On regrettera seulement que quelques grandes figures incontournables comme Glen Cook aient été oubliés, mais nul panorama ne peut in fine prétendre à l'exhaustivité.

 

Ce panorama illustré de la fantasy et du merveilleux constitue un must have que tout amoureux des écritures de fiction se devrait de posséder. Un beau livre dans lequel on se replonge avec gourmandise, "au coeur du légendaire, du féérique, de l'épique et du merveilleux". Captivant !

 

 

Par Matthieu Roger

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26 décembre 2017 2 26 /12 /décembre /2017 14:15

Éditions Plon, 2014

 

Nous vous avions présenté lors de notre dernière chronique en date le premier tome de cette gigantesque fresque historique que constituent Les Rois Maudits. L’heure est maintenant venue de jeter un regard panoramique sur la saga entière, forte de sept livres publiés par l’Académicien Maurice Druon entre 1955 et 1977 : Les Rois de fer, La Reine étranglée, Les Poisons de la couronne, La Loi des mâles, La Louve de France, Le Lis et le Lion, Quand un roi perd la France.

Réussissant le tour de force de suivre pas à pas les rois de France du XIVe siècle, de Philippe le Bel (décédé en 1314) à Jean II le Bon (couronné en 1350), l’auteur s’échine à retranscrire l’atmosphère pour le moins délétère qui agite les coulisses la fin de la monarchie capétienne et l’avènement de la branche des Valois. Et point trop n’est de son talent de portraitiste pour dépeindre les vices de ces figures royales ayant l’une après l’autre provoqué le déclin de la France. Louis X, Jean Ier, Philippe V, Charles IV, Philippe VI, Jean II : les successeurs de Philippe IV dit le Bel ne furent jamais à la hauteur de leur auguste devancier. Pire, les complots qu’ils ourdirent en cachette ou dont ils furent les victimes conduisirent à une période d’instabilité dont profitèrent sans hésiter les voisins belliqueux du royaume de France, dont en tête l’Angleterre, la Navarre et la Bourgogne.

La grande force des Rois maudits est de s’attacher à la peinture psychologique de ces souverains de petite vertu – au sens premier du terme –, tout en narrant l’Histoire en marche vers la guerre de Cent Ans (1137-1453), la première phase du conflit, et les cinglantes défaites de Crécy (1346) et de Poitiers (1356), lors de laquelle Jean II fut fait prisonnier par le Prince Noir. Plusieurs grandes statures historiques émergent de ce panorama vivant : Mahaut d’Artois et Robert d’Artois, dont la lutte pour le contrôle du comté éponyme émaille les deux tiers de l’ouvrage, les amants Roger Mortimer et Isabelle de France, surnommée « la louve de France » et reine d’Angleterre de 1292 à 1358, sans oublier Hélie de Talleyrand, cardinal de Périgord. De leurs paroles et actes émergent les troubles et angoisses d’une époque où les cors de guerre faisaient autant la loi que les missives diplomatiques cachetées en secret. Rehaussées par la plume vive et alerte de Maurice Druon, leurs intrigues n’ont pas fini de ramener nos songes vers ce Moyen Âge épique et ô combien cruel.

 

Par Matthieu Roger

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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 13:00

Éditions de Crémille, 1991

 

 

À la lecture des Rois Maudits on comprend mieux pourquoi G.R.R. Martin considère cette oeuvre comme un monument de la littérature et une source d'inspiration inégalable pour son Trône de Fer. Cette grande fresque historique démarre au début du XIVe siècle et conte dans ce premier tome le règne de Philippe IV dit le Bel, l'aboutissement de ses menées contre l'Ordre de des Templiers, ainsi que les secrets de certains membres de la maison royale. Jusqu'aux prémices d'un des plus longs conflits de l'histoire de l'humanité, à savoir la guerre de Cent Ans (1337-1453).

 

Alors, pour reprendre ici le titre de ce premier opus, s'agissait-il vraiment d'un roi de fer ? Tout le talent de Maurice Druon consiste, par petites touches, à laisser paraître l'homme derrière la figure du roi de France. Le père d'Isabelle de France, reine d'Angleterre, et des futurs Louis X, Philippe V et Charles IV, était certes dur et inflexible, mais seul comptait pour lui en fin de compte l'extension de l'influence et du territoire de la couronne de France. Ce qui fait la force de ce roman historique, c'est la galerie de personnages dont sont dépeintes les destinées, Maurice Druon s'attardant à saisir les caractères et visées des uns et des autres, là où la recherche du pouvoir fait le plus souvent office de graal. Certains protagonistes que l'ont pourraient croire secondaires, tels Enguerrand de Marigny ou Robert d'Artois, nous rappellent que l'Histoire avec un grand H ne s'est faite qu'à l'aune des ambitions personnelles. Or au petit jeu des luttes de pouvoir, le défait d'un jour peut fort bien devenir le champion du lendemain. Voici un ouvrage à ouvrir et à lire sans hésiter plus longtemps !

 

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite