Éditions Pierre de Taillac, 2011
Jacques-Olivier Boudon, historien et Président de l’Institut Napoléon, a eu l’excellent idée de réunir en un ouvrage les principaux discours de guerre de Napoléon. La compilation de ses adresses aux soldats et au peuple français permet de revivre l’épopée de la Révolution et du Premier Empire. Elle permet également de saisir les champs lexicaux chers au général puis à l’empereur. Jusqu’au couronnement de 1804, les textes de Napoléon invoquent les grands principes de la Révolution, dont la liberté. Plus tard, on observe un glissement sémantique qui repose sur la soif de gloire et le recensement des victoires passées. A la lecture de ces manifestes, on ne peut qu’admirer l’éloquence du chef de guerre exhortant ses troupes à la victoire. Si le ton s’avère souvent hyperbolique, il contribue au lien direct que Napoléon a toujours voulu tisser entre lui et ses soldats, ceux qu’il nomme « les invincibles ». La dernière phrase de son discours du 11 septembre 1808 résume bien cela : « Soldats, tout ce que vous avez fait, tout ce que vous ferez encore pour le bonheur du peuple français, pour ma gloire, pour la vôtre, sera éternellement dans mon cœur ». Le nombre exceptionnel de victoires obtenues par l’Empereur engendre cette confiance mutuelle entre l’armée et son général. Et Napoléon de ressasser, quasiment à chaque discours, le nombre de drapeaux, de canons, de places fortes et de prisonniers capturés à l’ennemi. Instruments de la propagande impériale, ces discours, dont certains furent réécrit pour la postérité par Napoléon lui-même, témoignent de deux idées-forces : la grandeur de la France, et la nature transcendantale de la gloire militaire. Àce sujet, on remarque que Napoléon dresse constamment un parallèle entre la destinée de l’antique peuple romain et celle du peuple français. De la première campagne d’Italie jusqu’aux lendemains de Waterloo, le commandant en chef de la Grande Armée aime à féliciter ses unités les valeureuses, sans pour autant oublier de vilipender la perfidie des argentiers britanniques et l’infériorité des armées russes, autrichiennes et prussiennes. Napoléon Bonaparte avait pris toute la mesure d’une rhétorique percutante et concise, qu’il maniait comme un outil de stratégie militaire à part entière.
Discours de guerre est un livre très intéressant, dont la présentation de qualité est rehaussée par plusieurs gravures illustratives. Pour ceux qui ne seraient pas familiers de l’épopée napoléonienne, quelques phrases d’introduction précèdent chaque discours, le replaçant dans son contexte historique. La préface de Jacques-Olivier Boudon revient sur l’éloquence militaire et les références et thèmes les plus employés par Napoléon. Enfin, une chronologie placée en fin d’ouvrage vient rappeler les dates à retenir de ces vingt-cinq années qui bouleversèrent à jamais le cours de l’Histoire.
Par Matthieu Roger