Bimensuel édité par Mondadori France
La couverture de ce dixième numéro de Guerres & Histoire – déjà ! – nous présente sans ambiguïté la teneur du dossier principal : « La guerre de Cent Ans - Les clefs d’une révolution militaire ». Vingt-quatre pages, pas une de plus, pas une de moins, pour décortiquer l’art de la guerre au Moyen-Âge et les tactiques employées par les différents partis engagés dans ce conflit, qui dura exactement cent seize ans. De nouvelles armes apparaissent, comme les premiers canons, l’utilisation massive de fantassins ou encore le longbow (l’arc long). Du fait des recompositions incessantes des alliances et des allégeances, la guerre de Cent Ans fut de celles qui requirent le plus d’aptitudes de la part des généraux en chef. Non seulement il leur fallait être capable de conduire leur armée lors des batailles rangées, mais ils durent également démontrer leur science des raids en terres ennemies ou encore de la poliorcétique, les sièges de places fortes représentant alors la majorité des affrontements. Parmi les grandes figures militaires de cette époque, citons, entre autres, le « Prince Noir », Bertrand du Guesclin, Robert Knolles, Henri V, John Talbot, le duc de Bedford et le comte de Clermont. Jeanne d’Arc présente bien sûr un cas à part, abondamment traité par la littérature et le cinéma (cf. « Jeanne, héroïne aux voix multiples » p. 98-99). Le point fort de ce dossier est de montrer les répercussions importantes qu’eurent toutes les réformes des outils militaires sur les champs économique, politique et social. Comme le résume Jean Lopez dans son éditorial, l’effondrement de la chevalerie à Crécy ou Poitiers précipite la chute du système féodal, la montée de l’infanterie impose le peuple comme un nouvel acteur politique à part entière, et l’arrivée de l’artillerie renforce le pouvoir royal, son autorité et sa fiscalité.
Toutefois l’article à ne pas louper de ce nouveau Guerres & Histoire est sans conteste l’interview de Zvika Gringold réalisé par Eitan Haddok, qui revient sur son combat d’anthologie mené au Golan en octobre 1973. À la tête de seulement quelques chars, le lieutenant israélien Gringold réussit en effet à tenir à respect pendant un jour entier plusieurs centaines de blindés syriens. Ou comment une infériorité numérique accablante ne signifie pas toujours forcément la défaite… Un témoignage stupéfiant !
Par Matthieu ROGER