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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 11:09

Éditions Rue de l'échiquier, 2018

 

 

Démarrons sans préambule par un simple constat : Mémoires d'un frêne est un petit joyau de la bande dessinée. Avec cet album le Coréen Park Kun-woong déploie une maestria graphique et un sens de la narration remarquable, à mi-chemin entre la poésie et la tragédie la plus cruelle. En choisissant ici d'adapter une nouvelle inédite de l'écrivain coréen Choi Yong-tak, il revient sur l'épisode resté dans les mémoires comme "le massacre de la ligue Bodo", lors duquel les autorités sud-coréennes exécutèrent froidement en 1950 plusieurs dizaines de milliers de personnes soupçonnées d'activisme communiste révolutionnaire.

La profonde originalité de ces Mémoires d'un frêne, c'est que l'histoire nous est comptée par un jeune arbre, un jeune frêne de quelques années assistant incrédule et curieux à ces massacres de masse. Son point de vue d'arbre niché à flanc de vallée ne peut donc relever de l'ordre moral, mais le coup de crayon de Park Kun-woong met en exergue l'animalité des exactions commises, en changeant parfois les traits des victimes en ceux de moutons ou bovins menés à l'abattoir. Son art du dessin, qui dévide devant les yeux du lecteur un sublime noir et blanc, apparaissent telles des estampes à l'encre de Chine. Cet ouvrage à la fois très esthétique et saisissant ne peut laisser indifférent ; il constitue assurément un must have, à la croisée des chemins entre art graphique et histoire.

 

 

Par Matthieu Roger

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commentaires

E
je n'en avais pas entendu parler, je note!
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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite