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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 17:58

Bimensuel édité par Mondadori France

 

guerres & histoire 11

 

 

Avec Jean Lopez, Yacha MacLasha et Benoit Bihan, la rédaction de Guerres & Histoire possède en son sein les plumes qu’il fallait pour mener à bien le passionnant dossier central sur la bataille de Stalingrad proposé ce mois-ci aux lecteurs (p. 32 à 57). Annonçant en une du magazine « Stalingrad, nouvelle vision d’une bataille mythique », ceux-ci nous expliquent comment les affrontements meurtriers de Stalingrad de novembre-décembre 1942, intitulés opération Uranus par les Soviétiques, furent en fait doublés sur le plan opératique d’une opération tout aussi gigantesque bien plus haut nord, à deux cents kilomètres de Moscou, autour du saillant de Rjev. Cette dernière, à savoir l’opération Mars, constitua un échec cinglant pour Joukov et ses troupes, incapables de venir à bout des divisions blindées manœuvrées par Model. Si la mémoire collective a retenu le désastre allemand emblématique de Stalingrad, souvent considéré comme le tournant militaire de la Seconde guerre mondiale, il ne faut pourtant pas oublier les trois semaines de carnage de la bataille de Rjev, qui firent selon David Glantz une centaine de milliers de morts ! D’autant plus qu’on ne peut comprendre la pensée stratégique russe de l’époque, influencée par les penseurs incontournables de l’avant-guerre que sont Alexandre Svetchine, Mikhaïl Toukhatchevski, Gueorgui Isserson et Vladimir Triandalov, sans comprendre son articulation autour de la notion d’art militaire opératif, visant à enchaîner ou combiner simultanément des opérations d’envergure sur des théâtres d’opération géographiquement disjoints. Alors que le commandement militaire allemand réfléchit encore en termes d’accumulation successive de batailles décisives, les Russes appréhendent déjà la stratégie militaire de manière plus globale.

 

Soulignons également dans ce numéro le témoignage impressionnant du médecin-lieutenant Jacques Gindrey (p. 8-14), qui opéra de manière souvent dantesque durant toute la bataille de Dien Bien Phu, à l’issue de laquelle il fut fait prisonnier. De son interview transparaît toute la trempe et le courage de ces hommes qui réussirent à sauver d’innombrables vies sans chercher à épargner la leur. Je vous recommande également l’étonnant article Charles Turquin au sujet de la bataille oubliée entre Allemands et Anglo-Belges sur Grands Lacs africains durant la Première guerre mondiale (p. 90-94). Où l’on apprend que l’Afrique orientale était alors le théâtre de combats navals pour le moins incongrus…

 

Pour conclure, je voudrais m’élever une nouvelle fois contre la manie fatiguante qu’a Guerres & Histoire de surcharger sa mise en page ; à empiler les encarts, textes et visuels, on ne parvient qu’à gêner l’œil et le parcours du lecteur. La rédaction pourrait par exemple s’inspirer de la pagination claire et bien plus lisible du dernier hors-série de Sciences Humaines consacré à la guerre. Mais voilà bien le seul reproche que je puisse adresser à ce magazine, par ailleurs en tout autre point remarquable.

 

 

 

Par Matthieu ROGER

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T
Philippe Richardot évoque Alexandre Svetchine, dans son livre sur le front de l'Est.
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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite