Éditions Larousse, 2011
Je ne sais pas si, à, l’instar de ce qu’annonce le titre, Les Thermopyles peuvent être considérés comme la plus célèbre bataille de l’antiquité. Mais ce dont on peut être sûr, c’est que rarement dans une bataille la gloire des vaincus n’aura autant éclipsé celle des vainqueurs. Face aux armées gigantesques de l’empereur perse Xerxès venues mettre au pas la Grèce, fortes d’environ 300.000 hommes, 7.000 Grecs, dont les 300 soldats d’élites du roi spartiate Léonidas, vont tenir durant trois jours l’étroit défilé des Thermopyles (-480 av. J.-C.). Cet affrontement des plus sanglants et des plus inégaux, porté à l’écran de manière spectaculaire par Zack Snyder en 2006 dans son film 300, était en fait une mission suicide qui permit de retarder l’invasion de l’Attique et eut lieu au même moment que la bataille navale de l’Artémision (défaite perse).
Les Thermopyles – La plus célèbre bataillede l’Antiquité se lit comme un roman. S’appuyant essentiellement sur les travaux de Peter Green (Les guerres médiques, 2008) et de Michell Humphrey (Sparte, 2009), l’historien Luc Mary emploie un style très narratif qui fait mouche. La bataille des Thermopyles en elle-même ne représente que trois des onze chapitres de ce livre. Car loin de rester circonscrit au récit du brillant exploit tactique des Péloponnésiens, l’ouvrage narre l’ensemble des deux guerres médiques ainsi que la guerre du Péloponnèse. C’est donc une véritable synthèse des guerres du Ve siècle avant notre ère que nous propose ici l’auteur. Ce dernier, afin d’affiner son analyse de l’art de la guerre de Sparte, consacre toute sa première partie au mode de fonctionnement militaro-culturel de la capitale lacédémonienne. Appréhender Sparte en tant que « cité de la guerre » s’avère en effet être la seule manière valable pour comprendre à quel point la couardise au combat était chez le guerrier spartiate plus redouté que la mort elle-même. Se montrait-il peu courageux au combat qu’un Spartiate pouvait être déchu de sa citoyenneté, rejeté de la communauté et frappé par l’atimia, un décret spécial de disgrâce. Littéralement conditionnés à l’exercice de la guerre, réputés invincibles, les soldats à la cape rouge de Sparte, secondés avec bravoure par les Thespiens et les Thébains, montrèrent aux Thermopyles la quintessence de la discipline militaire. Un haut fait d’armes que Luc Méry replace de manière passionnante au cœur du jeu diplomatique des guerres hellènes.
Par Matthieu Roger