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27 avril 2018 5 27 /04 /avril /2018 10:39

Éditions Gallimard, 1994

 

 

 

Leconte de Lisle, dont nous avions déjà chroniqué les Poèmes barbares sur ce site, nous offre avec ses Poèmes Antiques un autre petit bijou de la poésie française. Ici l'érudition se veut au service du style, afin d'évoquer les puissances tutélaires et les mirages de la nature. Comme le disait lui-même Leconte de Lisle, auquel Victor Hugo portait d'ailleurs une admiration sincère, "la poésie est trois fois générée : par l'intelligence, par la passion, par la rêverie". Trois états d'esprit utilisés pour ressusciter les légendes indiennes et l'époque hellénistique. L'auteur y réussit fort bien, maniant aussi bien les méandres religieux des hymnes védiques que le conte des épopées antiques.

 

Le poème Çunacépa offre par exemple quelques moments suspendus absolument sublimes :

 

"Et de ses beaux bras nus elle fit doucement

Un tiède collier d'ambre au cou de son amant,

Inquiète, cherchant à deviner sa peine,

Et posant au hasard sa bouche sur la sienne.

Lui, devant tant de grâce et d'amour hésitant,

Se taisait, le frond sombre et le coeur palpitant."

 

La Grèce antique n'est elle aussi pas en reste quant à la puissance d'invocation qui caractérise l'écriture de Leconte de Lisle, notamment dans Niobé :

 

"Dans sa robe de pourpre, immobile et songeur,

Il suit auprès des Dieux son esprit voyageur ;

Il règne, il chante, il rêve. Il est heureux et sage."

 

Pour reprendre notre propos liminaire, on voit bien que la rêverie, qui parcourt toute l'oeuvre de l'auteur, ne fait que répondre au désir légitime qui entraîne vers le mystérieux et l'inconnu. Avec à son service l'intelligence et la passion, cette rêverie parcourt ce recueil en long, en large et en travers, et n'a de cesse de narrer les aventures extraordinaires des héros de jadis.

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite