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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 22:06

Éditions Tallandier, 2014

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Michel Goya, ancien officier d’active de l’armée française, directeur du bureau Recherche au Centre de doctrine d’emploi des forces de l’armée de terre et  collaborateur permanent de la revue Guerres & Histoire, livre avec Sous le feu une analyse extrêmement fine de la place du soldat au milieu des combats. Comme le rappelle l’auteur, « l’étude du comportement au combat est devenue après-guerre un monopole des Anglo-Saxons, depuis les observations réalisées sur les troupes américaines et allemandes durant la Seconde Guerre mondiale par Morris Janowitz et Edward Shils, S.L.A. Marshall et Samuel Stouffer, ou plus tard par des auteurs comme Charles Moskos, Dave Grossman, Richard Holmes ou John Keegan » (p. 19-20). Le sous-titre plus qu’évocateur de l’ouvrage, La mort comme hypothèse de travail, ne laisse aucun doute sur les dangers qui contraignent de manière permanente le militaire à l’échelon tactique. Très documenté, s’appuyant sur de nombreuses enquêtes et études préexistantes, illustrant son propos de nombreux exemples et citations pertinents, Michel Goya resserre sa focale sur la psychologie individuelle du combattant et la complexité du traitement en temps réel de la menace. Il faudra ainsi distinguer l’homme face à la guerre, isolé dans sa compréhension toute personnelle du conflit dans lequel il s’engage, du soldat au sein de son unité, réceptacle des pressions – non violentes ou violentes – de ses frères d’armes. Parcourant un siècle de guerres, du premier embrasement mondial aux interventions en Afghanistan et Irak, il dresse ici un panorama saisissant de la difficulté pour tout combattant à contextualiser sous le feu de l’ennemi ses propres potentialités d’actions. Le champ de bataille permet toujours une alternative, autant faut-il posséder les moyens techniques ou cognitifs pour l’appréhender dans l’immédiat. « Le combattant est un stratège, plus ou moins doué et actif, utilisant toutes ses ressources pour évoluer dans la zone de mort. Dans cet espace-temps particulier, tout est affaire de détails minuscules, qui se mesurent en centimètres ou en fractions de seconde et dont l’accumulation peut faire la différence entre la vie et la mort. » (p. 117) Le soldat opère ainsi constamment des choix, en fonction d’objectifs aussi divers et variés que l’annihilation de l’ennemi, le respect des ordres ou bien tout simplement la survie.

 

Une armée n’est pas qu’une juxtaposition d’hommes en armes, elle constitue en fait l’agrégat de différents groupes dont les capacités de nuisance à l’échelle tactique confèrent à l’ensemble sa puissance de frappe. Sous le feu se démarque selon moi des autres ouvrages de tactique militaire par la clairvoyance de son auteur, capable de convoquer avec lucidité et sans forfanterie son propre vécu du champ de bataille, afin de mettre en relief les facettes à double tranchant du tueur « éduqué » qu’est appelé à devenir tout soldat. Notons en fin d’ouvrage une bibliographie particulièrement fournie et très utile, où l’on retrouve entre autres Batailles d’Hervé Drévillon (Points, 2009), Un balcon dans la forêt de Julien Gracq (José Corti, 1958), Anatomie de la bataille de John Keegan (Tallandier, 2011), ou bien encore Feu et sang et Orages d’acier d’Ernst Jünger, déjà chroniqués sur ce site.

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite