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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 20:19

Éditions Akileos, 2010

cover étoile rouge

 

Avec leur bande dessinée Block 109, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat s’étaient révélés au grand public en réécrivant et redessinant l’histoire de la Seconde guerre mondiale. J’avais été frappé par le coup de crayon fascinant de Ronan Toulhoat, un noir et blanc coloré, vif, au service de l’action et de la peinture des personnages, ainsi que par le parti pris uchronique adopté par les deux auteurs. Étoile rouge est de la même veine. Cette nouvelle bande dessinée conte l’aventure du groupe de chasse « Normandie », cette escadrille d’aviateurs français qui combattirent à partir de 1942 aux côtés des soviétiques contre les forces de l’Axe, depuis la base aérienne d’Ivanovo. Sauf que, dans Étoile rouge, le cours de la guerre n’est pas exactement celui de la réalité historique. Les données ont été bouleversées par l’assassinat d’Hitler, en mars 1941, et par la mise au point de l’arme nucléaire par les Allemands en juin 1944. L’opération Barbarossa sur la Russie n’a été lancée par les Nazis qu’en juillet 1944, et c’est peu après que l’on voit débarquer nos aviateurs français en Russie. Les auteurs s’amusent avec la chronologie des évènements – le 8 mai 1945 devient par exemple la date à laquelle les Nazis déclenchent le feu nucléaire –, tout en faisant montre d’un souci de réalisme saisissant. Comme le précise Vincent Brugeas : « Remodeler, détourner et réécrire l’Histoire est un jeu dont je ne me lasse pas. L’uchronie permet d’encrer son récit solidement, avec des situations et des personnages criants de vérité, tout en s’affranchissant des rigueurs du récit purement historique. »

On suit plus particulièrement trois d’entre eux, Roland, Marcel et Bébert, dont les combats émaillent le récit. Leurs Yack-3 affrontent tour à tour les redoutables Messerschmitt 262 et Focke-Wulf allemands, face à face magnifiés par le dessin à la fois limpide et nerveux de Ronan Toulhoat. Malgré la vitesse extrêmement bien rendue de ces rodéos sauvages, la grande force de cet album est de ne jamais perdre le lecteur dans la succession des vignettes. Ces scènes d’action, qui retranscrivent les poussées d’adrénaline – malheureusement mortelles – des héros, alternent avec leurs retours à la base, entre intrigues politiques et incertitude croissante au regard d’un conflit qui s’éternise. En toile de fond on observe une critique du productivisme collectiviste soviétique, lequel aura par ailleurs un impact direct sur le dénouement tragique de l’histoire. C’est grâce à ce type d’ouvrage que la bande dessinée peut prétendre à l’appellation – souvent galvaudée – de « neuvième art ».

 

Vous trouvez plus d’informations sur l’univers historico-visuel des deux auteurs à l’adresse suivante : http://www.block109.com/

J’y ai appris avec joie la sortie programmée de trois prochains albums : Opération Soleil de plomb (janvier 2011), Ritter Germanis (juin 2011), et New York 1947 (janvier 2012).

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite