Éditions Pan Books, 2001 (1ère édition en 1999)
L’histoire contrefactuelle se propose de réécrire l’Histoire via le procédé de l’uchronie : on se demande comment les événements se seraient enchaînés si à un moment donné le sort avait basculé en faveur du camp vaincu. Même si cette méthode contrefactuelle est dénigrée par certains historiens, qui y voient là un pur amusement de l’esprit et non un travail de recherche sensé et objectif, on ne peut au moins contester à cet ouvrage son intérêt intellectuel certain. Car non seulement celui-ci se propose de se concentrer spécifiquement sur les tournants militaires de l’histoire mondiale depuis 700 ans av. J.-C., mais la vingtaine d’historiens anglo-saxons confirmés voir célèbres (Alistair Horne, John Keegan, etc.) qui ont produit les différents essais compilés s’appuient tous sur des chaînes argumentatives plausibles et justifiables pour envisager l’Histoire qui n’a pas été mais qui aurait pu être. Et en cela What if ? nous offre un des panoramas historiques les plus excitants de ces dix dernières années en termes de stratégie militaire. Par exemple, le judaïsme n’aurait-il pas été éradiqué si les Assyriens avaient pris Jérusalem en 701 av. J.-C. (The Plague That Saved Jerusalem, 701 B.C., par William H. McNeill) ? Quelle aurait été l’histoire de l’Amérique latine si Hernan Cortès avait succombé prématurément à ses aventures outre-Atlantique (The Immolation of Hernan Cortès, par Ross Haring) ? Dans quel monde vivrions-nous aujourd’hui si la Guerre d’ Indépendance américaine avait été gagnée par les Anglais, comme cela a failli être le cas à de multiples reprises (Thirteen Ways the Americans Could Have Lost the Revolution, par Thomas Fleming) ? Combien de temps supplémentaire aurait duré la Seconde Guerre Mondiale si les Japonais avaient remporté la bataille aéronavale de Midway en 1942 (Our Midway Disaster, par Theodore F. Coook) ? Autant de scénarios qui, soutenus par des hypothèses brillantes et des chiffres vérifiables, nous invitent à prendre conscience de la profonde relativité et de l’aspect parfois illogique voire tout à fait imprévisible des succès militaires.
What if ? n’est pour l’instant disponible qu’en langue anglaise. Mais une fois la barrière de la langue franchie, il ne vous restera plus qu’à vous demander ce que votre entendement du monde aurait perdu à ne pas avoir ouvert ce livre.
Par Matthieu Roger