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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 18:13

Éditions Economica,  2012

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Avec La guerre – Une vision française, le Général Guy Hubin nous offre un nouvel exercice de réflexion, des plus salutaires, sur l’art de la guerre occidental. En une douzaine de chapitre, l’auteur, qui a effectué l’essentiel de sa carrière au sein des troupes aéroportées françaises, traverse l’histoire multiséculaire de la stratégie militaire dans un but clairement prospectif. Sans se défaire de certains partis pris clairement assumés, dont l’importance décisive de la culture militaire gréco-latine et la conviction de la qualité de l’œuvre militaire française, Guy Hubin retrace de quelle manière, au fil des siècles, la bataille s’est finalement « désintégrée en différentes parties qui ne prennent sens dans l’opération toute entière ». Si aujourd’hui le concept de bataille décisive n’est plus d’actualité, il n’en reste pas moins qu’il conditionna une grande part de l’évolution de la tactique militaire occidentale. J’ai particulièrement apprécié l’étude faite par l’auteur des guerres napoléoniennes et de la guerre de Sécession, qui incarnent respectivement la concrétisation et la mise en échec de ce concept. Par ailleurs, il rejoint Gérard Chaliand sur la prééminence de l’art de la guerre nomade durant le Moyen Âge, lorsque les hordes asiatiques, extrêmement mobiles, proposèrent une alternative extrêmement efficace au choc des corps et de l’acier promu jusqu’alors en occident. Conservant en filigrane l’histoire militaire de notre pays, Guy Hubin rappelle que les armes françaises peuvent légitimement se prévaloir de nombreux apports à la stratégie militaire occidentale : « la première armée permanente, le premier système d’artillerie opérationnel, la première administration militaire moderne, le principe du corps d’armée, les bases de l’art opératif, une compétence majeure dans l’affrontement avec l’asymétrique » (p. 255).

 

Mais cette contribution tricolore à l’Histoire avec un grand H ne peut évacuer la question de la capacité militaire française au XXIe siècle. À l’issue d’un exposé aussi pertinent que concis, l’auteur affirme la prééminence actuelle du concept d’économie des forces. Non pas dans une optique de sauvegarde frileuse d’un quelconque avantage technologique ou opérationnel, mais dans celle d’une utilisation optimale et proactive des moyens humains et matériels dont la France dispose en ce jour. Pour ce faire, alors le modèle asymétrique de la guerre convoque le double enjeu de contrôle des zones géographiques conflictuelles et des capacités de persuasion et de conviction (médias et guerre psychologique), un effort particulier doit être entrepris en ce qui concerne notre capacité à collecter et analyser tout renseignement sur l’ennemi potentiel ou déclaré, ainsi que sur son environnement. C’est la mise en actes de ces pré-requis, couplée à un nouveau volontarisme politique en faveur de la défense nationale, qui permettra d’aborder l’avenir avec optimisme.

 

La guerre – Une vision françaiseest indiscutablement à posséder dans toute bonne bibliothèque stratégique qui se respecte. Pour les lecteurs les plus curieux d’approfondir le sujet, soulignons la présence d’une bibliographie indicative en fin d’ouvrage suggérant, entre autres, certains livres déjà chroniqués sur ce blog, dont le passionnant Malplaquet d’André Corvisier ainsi que L’anthologie mondiale de la stratégie publiée par Gérard Chaliand.

 

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite