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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 13:13

Éditions Perrin, 2007

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Le soleil noir de la puissance constitue le deuxième opus, après Les cent jours ou l’esprit de sacrifice publié en 2001, d’une trilogie que l’ancien Premier Ministre français Dominique de Villepin consacre depuis plusieurs années à Napoléon Ier. Dans cet ouvrage remarquablement écrit et au style enlevé, l’auteur aborde la période glorieuse de Napoléon Bonaparte, celle qui s’étend de 1796, date à laquelle remporte la campagne d’Italie, à 1807, année des victoires de Friedland et Wagram, qui confirment son hégémonie militaire sur l’Europe continentale.

Loin de se poser en hagiographe de l’Empereur, malgré l’admiration profonde qui transparaît au fil des pages pour un destin si exceptionnel, Dominique de Villepin s’attache ici à observer ce qui préfigurait déjà, durant la période d’ascension irrésistible de Napoléon, sa chute et celle de l’Empire français. Pour lui deux erreurs géostratégiques majeures ont été commises par Napoléon. Premièrement, c’est sa volonté d’appliquer un blocus continental envers l’Angleterre, décision décrétée en 1806 et de fait inapplicable étant donné l’étendue de l’espace géographique concerné. La deuxième grande erreur de Napoléon est l’hérédité conférée au nouveau régime impérial en 1804, à laquelle s’est ajoutée l’imposition de ses frères et sœurs à la tête de différents royaumes (Westphalie, Hollande, Naples, Espagne, etc.). Cette satellisation de l’Europe ne pouvait que logiquement déboucher que sur une soif de revanche inextinguible de la part des autres monarques, peu enclins à voir les concepts révolutionnaires défendus par la France bousculer l’ordre social et politique de leurs royaumes respectifs. La thèse qu’avance Dominique de Villepin est celle d’une utopie napoléonienne. Par la démesure de ses ambitions et par une suite d’erreurs politico-stratégiques flagrantes que ne pouvait éternellement compenser son génie militaire, Napoléon Bonaparte était dès le début condamné à voir échouer ses visées impériales et continentales. On se trouve là au cœur du problème existentiel du Ier Empire, à savoir le dessein napoléonien fondamentalement schizophrène de poursuivre la Révolution de 1789 tout en la parachevant par la mise en place d’un système despotique.


Le soleil noir de la puissance, grâce à son propos sans concessions, mais sans évacuer la puissance de vue et d’action de Napoléon, participe de fort belle manière au renouvellement de la littérature qui lui est consacrée depuis deux siècles. Une espèce de portrait de Dorian Gray de l’Aigle de Sainte-Hélène, en quelque sorte.

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite