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18 juin 2019 2 18 /06 /juin /2019 13:42

Éditions Lettres Vives, 2019

 

 

On ne remerciera jamais assez Christian Bobin de nous offrir encore quelques temps suspendus magiques, au détour de ce petit opuscule de poésie publié en mai dernier dans la collection "Entre 4 yeux" des éditions Lettres Vives. Il nous livre ici pensées et réflexions poétiques, écrites à la volée de sa merveilleuse prose. Ce qui frappe chez Christian Bobin, c'est sa puissance d'évocation et l'extrême profondeur de ses mots, qui touchent à ce que l'âme humaine charrie de plus beau. Son rapport viscéral à la nature vient renforcer son talent si particulier pour transmettre l'émotion et rendre intelligible l'inintelligible. Voilà pourquoi je le considère aujourd'hui comme le plus grand poète français actuel. Ses phrases sonnent en effet tel un mélange d'ineffable confinant au sublime.

 

Morceaux choisis :

 

"Le sommet de la vie, veux-tu que je te dise ce que c'est ? C'est écrire une lettre d'amour, sentir le feutre appuyer sur le papier, et voir ce papier s'ouvrir à une nuit plus grande que la nuit."

 

Ou encore : "Je lis des poèmes sur le chemin qui mène à la boîte aux lettres. Les arbres adorent les poèmes. Ils y reconnaissent leur début et leur fin."

 

Et encore : "Tu n'es jamais venue ici. Tu n'y viendras jamais. Alors, que je te dise : c'est une maison dans la forêt. C'est une forêt dans l'univers. C'est l'univers dans le calice d'une fleur."

 

Une magnifique invite au voyage dans les méandres du sensible.

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite