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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 13:51

Éditions Gallimard, 2012

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Dans cet ouvrage, Jean-Louis Brunaux, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de la Gaule antique, tente de comprendre pourquoi la bataille d’Alésia est devenue l’un des événements les plus emblématiques de notre histoire nationale. Pourquoi cette bataille, qui mit aux prises en -52 av. J.-C. les légions de Jules César à une armée composite, mosaïque des peuples de toute la Celtique, a-t-elle acquis une portée si symbolique dans la mémoire collective ? Au vu de cette problématique, ce n’est donc pas un hasard si les éditions Gallimard ont décidé de publier ce livre au sein de leur collection « Les journées qui ont fait la France ».

 

Afin d’appréhender dans toute sa globalité le climax que constitue Alésia, l’auteur scinde son propos en quatre grands chapitres : « L’événement », « La Gaule indépendante », « La Conquête », « La légende ». En procédant ainsi, il tord le cou à certaines idées reçues. Non, l’armée gauloise assiégée dans l’oppidum d’Alésia ainsi que l’immense armée de renfort envoyée à son secours ne formaient pas une armée nationale. Bien que formées suite aux décisions du « Conseil de toute la Gaule », celles-ci avaient à leur tête plusieurs chefs ; Vercingétorix n’en était que la figure de proue. Non, à l’issue de la victoire romaine, toute la Gaule n’était pas pacifiée. Il faudra encore plusieurs années de guerre à César pour pouvoir revendiquer toute la Gaule, hors provinces Cisalpine et Transalpine, déjà rattachées à Rome, comme province soumise à la pax romana. Il n’en reste pas moins, sur un plan purement militaire, que des dix années de proconsulat de César en Gaule Alésia est le moment où s’exprima le mieux l’art romain de la poliorcétique, en témoignent les vestiges du siège retrouvés à Alise-Sainte-Reine, en pays auxois. Sans oublier l’avantage crucial que conféra à César son réseau extrêmement performant d’espionnage et de renseignement. En effet, « le proconsul connaissait toujours suffisamment à l’avance les projets de son ennemi pour disposer ses légions en conséquence, accumuler assez de munitions, calculer le temps de résistance de ses légionnaires et ne faire intervenir la cavalerie germaine qu’au moment le plus critique, quand les Gaulois, épuisés par des heures de combat, croyant enfin à la victoire, voyaient surgir un nouvel ennemi. » (p. 132)

 

Alésia est un ouvrage captivant, parce qu’au fil des pages Jean-Louis Brunaux redessine pour nous les contours des trois grands enjeux de cette bataille mémorable : celui de la Gaule en tant qu’entité politique indépendante, celui de la conquête romaine soudain remise en question, et celui de pari périlleux de César, qui misait là rien moins que sa carrière politique. Ce dernier n’hésitera d’ailleurs pas à enjoliver les faits à son avantage dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules. Comme le dit si bien l’auteur : « pendant quelques semaines, Alésia fut le centre de la Gaule mais aussi d’un monde romain qui se muait en un empire ».

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite