Éditions Tallandier, 2016
Un pavé, une brique, un moellon ? Jean-Christian Petitfils, auteur d’un très remarqué Louis XIV en 1995, Grand Prix de la Biographie (Histoire) de l’Académie Française, s’attaque aujourd’hui à une forteresse : La Bastille ! Son livre de 345 pages avec notes, annexe, sources et bibliographie, index des noms propres, dit tout en quinze chapitres sur ce symbole de l’arbitraire dont les monarques de France firent un usage excessivement… secret. Abus, mais libéralités, nourriture, mobilier, mœurs et usages du temps sont éclairés à l’aune des mythomanes et des empoisonneurs, des hommes et des femmes, aristocrates ou quidams, qui s’y sont succédés. Le style est vif, alerte, avec une pointe d’humour pour un sujet terrible mais parfois drolatique.
En fin de volume, surtout ne pas manquer les cinquante pages sur l’état de l’opinion française à l’aube de la Révolution. Rarement l’écheveau des errements s’entremêlant aura été analysé avec une telle acuité et le paysage de la fin des illusions dépeint avec autant de finesse. Quand l’auteur brosse le tableau vivant d’un Paris en émoi après la grande crise du printemps 1789, son style fait qu’on y est, et qu’on a tout compris. L’assaut final du 14 juillet et le massacre qui s’en suivit sont décrits avec réalisme. L’affaire, sous nos yeux, nous emporte dans ses murs, hors du temps.
Par Frédéric Roger