Éditions Actes Sud, 2011
L’oncle eut son Waterloo, le neveu sa défaite de Sedan. Août 1870, l’historien Nicolas Chaudun brosse la débâcle de l’armée française devant la Prusse et ses alliés. Napoléon III, perclus de douleurs à cause de ses calculs rénaux, subit les assauts de militaires jaloux et prétentieux. Rien ne fonctionne en cet été brûlant. Les coqs chantent mais la logistique bismarckienne engloutit les péripéties de groupes d’armées désorganisés ; sans estafettes, sans informations, ils se cherchent sans jamais se trouver. Les Gaulois sont dans la plaine quand les Bavarois les tiennent en joue. Tout est perdu au bout d’une virée folle entre Sambre et Meuse, alors que le fantôme de Bazaine s’est enfermé dans Metz.
D’une plume vive et féroce, l’auteur tient la troupe et ses chefs dans un kaléidoscope effarant : sueur, sang, charges, flux et reflux incessants et toujours l’épée dans les reins, l’Empire s’écroule en deux mois. C’est l’été, tout est perdu : drapeau blanc quand l’Empereur pisse du sang, alors qu’Eugénie intrigue à Paris. Le couple impérial tire sa révérence dans une capitale isolée. La France voit désormais son destin face à face. Désastre, souffrances, l’abîme accueille cette tranche d’histoire hallucinée.
L’été en enfer a reçu le Prix de l’Académie des sciences morales et politiques.
Par Frédéric Roger