Éditions Perrin, 2005
Voilà une biographie magistrale, qui pourrait servir de modèle à tous les historiens. S’attaquant ici à la vie et l’oeuvre du dernier Roi de France, Jean-Christian Petitfils nous brosse avec brio la France du XVIIIe siècle, son économie, sa démographie, sa diplomatie, ses évolutions politiques, etc. Ce qui me surprend toujours, chez cet auteur, c’est sa capacité à frôler l’exhaustivité – pourtant utopique en historiographie – tout en alliant la critique des études historiques antérieures à un style d’écriture impeccable. Et ce Louis XVI ne déroge pas à la règle. On y découvre les doutes inlassables d’un souverain malade d’aboulie, dont l’incapacité chronique à diriger était contrebalancée par un souci constant du bien-être de ses sujets. À l’évidence Louis XVI ne fut pas homme capable d’appréhender et traiter avec justesse les dynamiques révolutionnaires à l’oeuvre dans le pays, celles-ci étant portées à des fins différentes par le Parlement, la haute aristocratie et la petite bourgeoisie. Victime d’atermoiements coupables, celui que la Convention enverra à la guillotine en janvier 1793 gâcha un début de règne relativement réussi en subissant de plus en plus l’influence des coteries et des clans à l’oeuvre à la cour de Versailles. Jamais le « ci-devant Louis Capet » ne fut la main de justice qu’il aurait aimé incarner.
Par Matthieu Roger