Mensuel édité par la SA Le Monde diplomatique
Autant le déclarer d’entrée : Le Monde diplo’ est mon journal favori. Espèce d’OVNI au sein du paysage journalistique français, il est l’un des derniers gages d’une presse indépendante de qualité. Dans L’emprise du journalisme, Bourdieu soulignait déjà le fait qu’en France, seuls Le Monde diplomatique et Le Canard enchainé pouvaient se prévaloir d’une complète indépendance envers la publicité. Une politique éditoriale qui a son prix, comme le rappelle le directeur de la publication Serge Halimi dans son édito (p. 2). De tendance altermondialiste, mais jamais partisan dans son approche des faits, Le Monde diplomatique offre depuis plusieurs décennies des articles analytiques développés, d’une ou deux pages, qui font sens dans un monde aux constantes mutations. Grâce aux bibliographies indicatives situées en fin d’articles, le lecteur peut, s’il le désire, approfondir les pistes de réflexion lancées par les journalistes. À l’instar des Lectures d’Arès, Le Monde diplomatique propose également des chroniques littéraires, mais uniquement sur les ouvrages récemment publiés. D’une manière générale, l’approche socio-économique dont se réclame ce journal permet des mises en perspectives à la fois singulières et pertinentes. Chaque début de mois est ainsi l’occasion de revenir sur les grands enjeux internationaux qui définissent notre tumultueuse et inégalitaire contemporanéité. Et pour un prix-numéro à seulement 4,90 euros, on peut dire que le jeu en vaut la chandelle.
Dans ce numéro d’octobre, trois articles ont particulièrement retenu mon attention. Le premier d’entre eux traite des opérations militaires que le gouvernement indien entreprend contre la guérilla naxalite au Jharkhand et dans le Chhattisgarh (p. 4-5). L’occasion de revenir sur ce qui relie l’intelligentsia intellectuelle indienne à la pensée révolutionnaire maoïste. Le second article, intitulé « Demain l’État palestinien, toujours demain » (p. 6-7), écrit par Alain Gresh, offre une synthèse passionnante de la question étatique palestinienne. Alain Gresh y explique pourquoi le changement de stratégie des leaders palestiniens en faveur de la voie diplomatique n’a toujours pas porté ses fruits. Enfin, Jean-Marie Harribey interroge dans « Sortir la crise, par où commencer ? » (p. 18-19) le concept de démondialisation à l’aune des principes de souveraineté et de coopération. Il montre l’intérêt d’une troisième voie altermondialiste, seule capable selon lui « de désigner les véritables cibles à atteindre, d’esquisser une bifurcation socio-écologique, des sociétés et de construire pas à pas une véritable coopération internationale ». Mais ce focus personnel est bien évidemment lacunaire, puisque ce numéro n° 691 se penche aussi sur Twitter, la nouvelle Tunisie, le nucléaire français, la politique d’Obama, l’industrie militaire russe, la Grèce face aux dette, etc., et offre un supplément très intéressant de quatre pages sur la démocratie participative,
Par Matthieu Roger