Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 13:41

In Flaubert – Œuvres (tome I), Bibliothèque de La Pléiade, éditions Gallimard, 1951

cover flaubert

 

Salammbô fait incontestablement partie des plus grands romans historiques de tous les temps. Flaubert y érige le style littéraire en un véritable art, mêlant la luxueuse profusion de ses descriptions à l’épisme saisissant d’une narration trépidante. Il nous transporte dans l’ancienne Carthage et nous fait miroiter le faste de ses cérémoniaux religieux. Il nous conduit au faîte de ses murailles, pour mieux contempler l’armée des barbares qui, par deux fois, viennent l’assiéger. Il nous conte l’antique Guerre des Mercenaires, en traçant le sillon sanglant des sièges, des batailles et des sacrifices. Mâtho, le chef d’une armée de mercenaires réclamant à Carthage le paiement de sa solde, devient grâce au génie de l’auteur l’incarnation de l’individu happé par les tourbillons du destin et des sentiments. Désirant plus que tout que Salammbô, la fille d’Hamilcar Barca, lui appartienne un jour, son amour fou le conduira aux pires sacrilèges et au déchaînement de forces meurtrières. Il expiera ses fautes lors d’un ultime châtiment.


Flaubert sait comment peindre le tourment des passions les plus sauvages et primaires, c’est pourquoi son récit transpire la violence et la mort, le carnage et la haine. Il n’a pas son pareil pour décrire le faste d’antiques mausolées ou nous faire contempler la farouche beauté des plateaux nord-africains. Utilisant un langage de spécialiste, il convoque toutes les tribus de l’antiquité pour nous offrir un panorama époustouflant de leurs traits les plus remarquables, de leurs coutumes et de leurs rites. Sans jamais abrutir le lecteur sous la multitude de ses savantes connaissances, il démontre avec Salammbô que le récit peur parfois s’accorder avec le travail de d’historien le plus exigeant qui soit. Ce sont plusieurs années d’études, de voyages et de recherches qui lui permirent de ressusciter sous les yeux ébahis du lecteur le panthéon des dieux carthaginois, le grouillement des peuplades méditerranéennes et les rivalités politiques de l’époque. Les tactiques et stratégies d’Hamilcar pour achever une guerre d’usure annonce la grandeur d’un fils caché, cet Hannibal qui fera vaciller Rome de son piédestal. Sa fille Salammbô, personnage à la fois romantique et tragique, se dresse comme une allégorie surréaliste incarnant tous les fantasmes : celui du pouvoir, de la beauté, de la richesse, de la préscience… Au fil des pages on assiste au crescendo inéluctable des plus folles passions, dont les deux exutoires s’avèrent être la barbarie et le fanatisme religieux. Ce livre est presque un paradoxe en soi, tant la cruauté des violences et la peinture des plus effroyables tortures tranchent avec une si belle prose. Comme l'a dit Théophile Gautier en son temps "Salammbô : ce n'est pas un livre d'histoire, ce n'est pas un roman, c'est un poème épique !"

 

Bien sûr, une telle œuvre ne peut dignement se savourer que dans un écrin à sa mesure. Dans cette optique, un ouvrage de la Bibliothèque de La Pléiade, avec son papier bible relié en pleine peau, fait office du compagnon de lecture idoine.

 


Par Matthieu Roger

Partager cet article

Repost0

commentaires

Recherche

Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite