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1 mars 2019 5 01 /03 /mars /2019 13:35

Éditions La Découverte, 2018

 

 

 

Le réquisitoire mené par Laurent Mauduit est implacable et sans appel : la République française est aujourd'hui assujettie à une haute fonction publique constituée en oligarchie, laquelle a réussi à capturer le pouvoir politique et les principaux rouages de l'État, dont Bercy. Le tout au profit de la finance capitaliste, avec laquelle partage désormais un destin commun à cause des jeux nocifs de pantouflages et rétropantouflages. Laurent Mauduit, journaliste d'investigation et confondateur de Mediapart, livre ici un constat des plus révoltants, mais fort bien argumenté. Il s'appuie sur l'histoire politique française du XIXe et du XXe siècles pour caractériser l'évolution de cette caste des élites publiques, qui ne poursuit en aucun cas l'intérêt général. Jusqu'à même s'emparer de la plus haute fonction de l'État avec Emmanuel Macron. Les courroies de transmission de cette oligarchie sont clairement identifiés par l'auteur : l'ENA et l'Inspection des Finances, sans oublier Sciences Po. Ces institutions, qu'il souhaiteraient voir supprimées, ne sont que les agents zélés de la reproduction sociale s'opérant en faveur de la bourgeoisie. Laurent Mauduit se place là dans la continuité des analyses menées en son temps par Pierre Bourdieu au sujet de la reproduction des élites. Et de conclure : il faut "supprimer l'ENA pour confier à l'université le soin de former les élites françaises, et supprimer cette société d'entraide pour oligarques que constitue l'Inspection des finances" (page 198).

 

La Caste, outre la passionnante rétrospective qu'il offre sur deux siècles de politiques en France, est un ouvrage essentiel pour mieux comprendre la capture du destin national par ce milieu incestueux de la haute fonction publique. Et le plus inquiétant c'est que cette dernière, à l'instar des puissances de l'argent, ne servira jamais que ses propres intérêts. Une enquête salutaire. Un ouvrage à lire d'urgence !

 

 

Par Matthieu Roger

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21 février 2019 4 21 /02 /février /2019 12:35

Éditions Gallimard, 2011

 

 

Ce petit ouvrage d'une quarantaine de pages nous livre le discours prononcé en 2010 par l'auteur péruvien Mario Vargas Llosa lorsqu'il reçut le prix Nobel de littérature. Il y proclame de manière touchante et extrêmement persuasive la nécessité de lire et d'écrire, cette importance fondamentale du rapport intemporel de l'homme à l'écriture, qui l'inscrit immanquablement dans la cité. À l'instar de ce que décrivait Roland Barthes dans Le plaisir du texte, pour Mario Vargas Llosa écrire s'avère être "une manière de vivre dans l'illusion et la joie, avec un feu crépitant dans la tête, en luttant contre les mots indociles jusqu'à les maîtriser, en explorant le vaste monde comme un chasseur derrière des proies convoitées pour alimenter la fiction en herbe et apaiser cet appétit vorace de toute histoire qui, en grossissant, voudrait avaler toutes les histoires" (page 41). Plus encore, écrire c'est selon lui "créer une vie parallèle où nous réfugier contre l'adversité, et qui rend naturel l'extraordinaire, extraordinaire le naturel, dissipe le chaos, embellit la laideur, éternise l'instant et fait de la mort un spectacle passager" (page 11). Ces quelques phrases en disent long sur le feu intérieur qui consume l'auteur, un feu né dès son plus jeune âge au contact des oeuvres de Jules Verne, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Flaubert ou encore Charles Dickens.

 

Éloge de la lecture et de la fiction est l'un des plus vribrants hommages rendus à la littérature, une invite éloquente à s'engouffrer dans l'espace-temps créatif des écrivains.

 

 

 

Par Matthieu Roger

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19 février 2019 2 19 /02 /février /2019 15:51

Editions Pygmalion, 2018

 

 

Alors que le monde entier attend impatiemment la publication du prochain tome de la saga du Trône de Fer, G.R.R. Martin a choisi de revenir trois-cents ans auparavant pour conter l'unification des sept royaumes de Westeros sous l'égide des Targaryen. Son ambition est grande : livrer une véritable histoire de Westeros s'étendant sur plusieurs siècles. C'est pourquoi Feu et sang, qui sera poursuivi par un second opus à paraître, n'est pas un roman à proprement parler. Il s'articule sous formes de chroniques retranscrites par l'archimestre Gyldan de la Citadelle de Vieilleville. Si ce récit sous formes d'annales confère à l'ensemble une épaisseur et un réalisme historiques certains, il s'opère au détriment de la qualité littéraire. La narration des règnes de la dynastie Targaryen n'atteint jamais la vivacité et la fluidité du style d'écriture dont nous nous délectons avec Le Trône de Fer. Ce sont le début et la fin de l'ouvrage qui s'avèrent les plus passionnant, qui décrivent respectivement la conquête menée par le futur Aegon Ier et les hauts faits du roi Jaehaerys. Le reste peut parfois s'avérer longuet voire ennuyeux, ce à quoi l'auteur ne nous avait guère habitué jusqu'à présent. La lecture de Feu et sang est donc à réserver aux inconditionnels du Trône de Fer.

 

 

 

Par Matthieu Roger

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4 janvier 2019 5 04 /01 /janvier /2019 16:36

Éditions Julliard, 2006

 

 

Avec La domination du monde Denis Robert, à qui l'on doit notamment plusieurs films documentaires et de multiples enquêtes politico-financières à Libération, s'attaque au système financier international en dénonçant ses fonctionnements et prises illégales d'intérêts. Ce qui s'avère original, c'est qu'il opère ici sous forme de roman, utilisant la fiction comme révélateur ultime. Il réussit à embarquer le lecteur dans une course-poursuite haletante. Haletante et des plus immersives, puisque l'on comprend vite que le narrateur du récit est fait l'auteur lui-même, en proie à ses propres doutes mais convaincu de la nécessité d'investigation afin de contrer le capitalisme et la financiarisation tous puissants. Marchant dans les pas de son ami Yvan Klébert, lequel entend dévoiler dans un livre à paraître le coeur des malversations financières couvertes au plus haut niveau par la Shark Company, il se trouve confronté aux réseaux tentaculaires du blanchiment d'argent à très grande échelle. Le défi qu'ils s'apprêtent à relever donne le vertige : "Même si personne n'est là pour la voir, sa vie est un grand film. Il va faire sauter la banque des banques." (p. 204).

 

Ce roman publié il y a déjà une dizaine d'années par Denis Robert est un véritable coup de poing. Une fois la dernière page refermée, on ne peut qu'être abasourdi et dégoûté par l'ampleur de l'escroquerie internationale qui nous gouverne aujourd'hui. Appel salutaire à l'insurrection tant individuelle que collective, La domination du monde dresse un constat implacable qui nous concerne tous : "La très grande bourgeoisie initiée, connectée, oligarchique, transnationale est de plus en plus riche. Le Lumpen laborieux, sans le sou, sédentaire, déconnecté grossit de plus en plus tout au bas de l'échelle. Au milieu, une masse informe de veaux finalement incultes, indisciplinés et de plus en plus pauvre s'invente une pseudo-hiérarchie. Ces dominés n'ont pas conscience de leur état et du vol organisé par les dominants. Les outils de propagande et d'asservissement très développés mis en place par les dominants anesthésient toute velléité émancipatrice chez les dominés." (p. 265) À bon entendeur salut !

 

 

Par Matthieu Roger

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27 décembre 2018 4 27 /12 /décembre /2018 19:35

Éditions Glénat, 2017

 

S'il vous manque encore un dernier cadeau pour ces fêtes de fin d'année, n'hésitez pas ! Le Syndrome de Stendhal, bande dessinée se rapprochant du roman graphique par sa narration, fera fort bien l'affaire. Ce bel ouvrage d'une centaine de pages, que l'on doit à Aurélie Herrou au scénario ainsi qu'au dessinateur Sagar, nous entraîne aux côtés de Frédéric Delachaise, noble désargenté se retrouvant surveillant de salle au Centre Pompidou. Son amour instinctif de l'art, notamment de la danse, de la peinture et de la musique, lui jouera bien des tours, puisqu'il se voit peu à peu frappé du syndrome de Stendhal ! Le lecteur, emporté par le coup de crayon vif aux teintes claires de Sagar, navigue alors dans les méandres colorés et fantasmagoriques de notre protagoniste. Lequel n'est pas en reste de problèmes à résoudre, sa future femme semblant plus préoccupé par le standing très people de leur mariage à venir que par ses états d'âme...

 

Truffée de références artistiques - quasiment une par page - allant de Christo à Francis Bacon en passant par George Gerswhin ou encore Takasi Murakami, cette bande dessinée ravit par son élégante légèreté et la réflexion qu'elle soulève sur la culture savante et muséale de l'art contemporain. On soulignera également le travail assez remarquable des assistants coloristes Alba Cardona et Carlos Moreno, dont les jeux de couleurs extrêmement variés viennent parfaitement souligner les mises en scènes visuelles conçues par Sagar. Quant au récit concocté par Aurélie Herrou, il s'avère parfaitement rythmé et son humour de tous les instants fait mouche, avec une mention spéciale au personnage désopilant de Monsieur Lefian, ancien militaire bourru reconverti en superviseur du personnel.

 

 

Par Matthieu Roger

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25 décembre 2018 2 25 /12 /décembre /2018 19:37

Les Éditions de Minuit, 1990

 

 

Jean Rouaud ravive avec Les Champs d'honneur l'histoire de sa famille, celle de ses grands-parents, de ses oncles, de sa tante. Il dresse de manière digressive leur portrait, avec une sensibilité et une tendresse qui n'est pas sans rappeler parfois celles qu'on peut retrouver chez Pierre-Louis Basse, Thimotée de Fombelle ou encore Christian Bobin. J'ai beaucoup aimé son style d'écriture, élégant, vif, toujours teinté d'humour. Première pierre posée d'un cycle de chroniques familiales qui se poursuivront ensuite sur plusieurs autres ouvrages, Les Champs d'honneur évoque sur sa fin la Première Guerre mondiale et sa barbarie, à cause desquelles décédèrent ses deux grands-oncles.

 

"Il y avait des mois que les trente étaient des millions, décimés, épuisés, colonie de morts-vivants terrés dans les boues de la Somme et de la Marne, lancés abrutis de sommeil dans des contre-attaques meurtrières pour le gain d'une colline perdue le lendemain et le massacre de divisions entières, pions déplacés  sur les cartes d'état-major par d'insensés Nivelle, plan Schlieffen contre plan XVII, tête-à-tête de cervidés enchevêtrés dans leurs ramures. Les règles de la guerre, si précieuses à Fontenoy aux ordres du dernier des condottières, provoquaient dans cette querelle d'arpenteurs de bilans d'abattoir et une esthétique de bauge." (p. 154)

 

L'auteur est capable de vous décrire pendant dix pages sans vous lasser un crachin de Loire-Inférieure, il sait saisir ses instants précieux révélant la nature profonde des hommes, il nous emporte avec lui aux côtés de ses ascendants qui auraient pu être les nôtres. Ce livre, son premier roman, reçut le Prix Goncourt en 1990. Même les critiques littéraires ne s'y trompèrent pas : Les Champs d'honneur est un récit qui ne peut qu'emporter l'adhésion du lecteur. Pour ma part je ne peux m'empêcher de conclure sur ce petit moment de grâce que Jean Rouaud nous offre dès le deuxième chapitre : "Il pleut avec une vivacité comique, un déluge presque enfantin au son rapide et joyeux. Et pour ce qui paraît un galop d'essai, comme un feu d'artifice lancé en plein jour, la largeur d'une rue suffit : à trois pas de là, le pavé est sec. Vous courrez vous abriter sous un porche ou l'auvent d'une boutique, vous vous serrez à plusieurs dans l'embrasure d'une porte. Et, preuve que nul n'en veut à cette pluie, les cheveux dégoulinants, on se regarde en souriant. Ce n'est pas la pluie, mais une partie de cache-cache, un jeu du chat et de la souris. D'ailleurs, le temps de reprendre son souffle et le ciel a retrouvé son humeur bleutée. Une éclaircie, vous avez déjà pardonné." (p. 25-26)

 

 

 

Par Matthieu Roger

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 15:37

Éditions Mnémos, 2013

 

On s'en était déjà aperçu avec Chien du heaume (2010) et Mordre le bouclier (2011) : Justine Niogret possède un trait de plume bien à elle, loin des standards de la littérature contemporaine. Mais le tour de force qu'elle réalise avec Mordred me laisse pantois, tant son style d'écriture s'y fait vivace, se déployant avec une force et une aisance qui nous placent devant une oeuvre majeure de la fantasy française. L'auteure n'a en effet pas son pareil pour nous immerger dans une littérature de la sensation, convoquant de manière puissante les cinq sens. Elle écrit la rouille, les odeurs lourdes de l'écurie, le crissements des armes, le râle des labeurs quotidiens, le cuir poli par les ans, le martèlement de la forge... Une manière extrêmement singulière et évocatrice d'emporter le lecteur au sein d'un tourbillon d'impressions, d'images, de tableaux qui font sensation, au sens premier du terme. Son talent est grand, mais ne se limite pas à cela : Justine Niogret excelle également dans la peinture des songes et des souvenirs. Il n'est pas difficile d'affirmer que ce Mordred baigne baigne dans la mélancolie et la nostalgie. Celles de l'enfance et des jours non corrompus par la maladie.

 

Aussi curieux que cela puisse paraître, cette fiction autour de Mordred, neveu du Roi Arthur, n'est rien d'autre que le récit d'une convalescence. Touché aux vertèbres lombaires par une affreuse blessure, le chevalier n'est plus que l'ombre de lui-même, tas de chairs informe et sans force perdu dans les affres de la douleur. À la manière d'une conteuse, Justine Niogret convoque ses ressouvenances et nous apparaît peu à peu un homme rempli de paradoxes, dont les seules certitudes sont l'amour qu'il porte à sa mère Morgause et à Arthur. Au fait de la légende arthurienne, on ne peut tout de même au fil du récit se poser la question de la trahison finale envers le roi. Aura-t-elle tout de même lieu ? L'auteure a-t-elle choisi de détourner la légende ? Si réponse sera donnée à cette question, me reste surtout l'impression d'avoir parcouru au côté du chevalier un espace-temps immémorial, une sorte d'immense poésie à ciel ouvert dont les hommes ne constituent que que l'imprédictible variable. Mordred est un livre à lire d'urgence, car il défriche magnifiquement les nouveaux horizons de la langue française. Un coup de maître.

 

 

Par Matthieu Roger

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9 août 2018 4 09 /08 /août /2018 16:42

Le Livre Contemporain, 1959

 

 

Il faut prendre quelques précautions avant de se lancer dans La Grande Révolution 1715-1815. En particulier parce que son auteur, Bernard Faÿ, est un personnage trouble, aux idées bien arrêtées. Cet historien, grand spécialiste du siècle des Lumières, de la révolution américaine et de la Révolution française, fraya en effet avant-guerre avec les cercles de l’Action Française, pour ensuite se voir nommé directeur de la Bibliothèque Nationale de France sous Vichy. Emprisonné après-guerre et condamné pour ses actes de collaboration à l’indignité nationale, celui-ci poursuivit cependant ensuite son travail de recherches. Une fois cela posé quant à la grille de lecture idéologique de l’auteur, la lecture peut commencer.

 

La Grande Révolution est une étude extrêmement détaillée de l’évolution politique qui conduisit aux événements paroxystiques de la période 1789-1794. Bernard Faÿ a raison lorsqu’il pose l’étude de la Révolution sur un cycle long et non seulement événementiel. Mais ses partis-pris intellectuels, qui le conduisent à enquêter uniquement à décharge en faveur du pouvoir royal l’empêchent de fournir une analyse impartiale. Nonobstant ce problème fondamental de partialité critique, qu’il faut conserver à l’esprit tout au long de la lecture de l’ouvrage, il n’en pose pas moins certains constats importants à mettre en vis-à-vis du mythe révolutionnaire. D’une part, la création du nouveau pouvoir parlementaire sous la forme d’une Assemblée Constituante inédite en France se réclame bel et bien d’une adhésion à une nouvelle monarchie parlementaire. La république ne sera que la conséquence d’une fuite en avant accélérée vers la Terreur, rendue possible par l’opposition de multiples factions politiques plus ou moins structurées, s’annihilant les unes et les autres au fil du temps, conjuguée à la vacance du pouvoir central provoquée par la mise à bas de la monarchie. Mais en 1789 l’irruption du régime républicain n’était pas à l’ordre du jour, et encore bien difficile à prédire. D’autre part, son analyse passionnante des manœuvres politiques de cette décennie, très exhaustive, montre à quel point la Révolution française fut à ses débuts un mouvement uniquement parisien, la capitale devenant au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle le terrain de jeu des factions et clubs politiques en tous genres. Louis-Philippe d’Orléans fit d’ailleurs partie des agitateurs publics les plus actifs, sans réussite puisque guillotiné dès 1793 ; son destin  est symptomatique des feux de paille de paille politiques ayant embrasé cette période. Malheureusement, l’obsession de Bernard Faÿ à dénoncer systématiquement les agissements de la franc-maçonnerie, dont il fut un des principaux opposants sous Vichy, obère sa capacité à élargir le faisceau des causes et des conséquences de cette phase politique. On retrouve là à la fois la force et la faiblesse de La Grande Révolution : une érudition certaine couplée à certains partis-pris idéologiques partiaux. Dommage, car cette analyse successive de ce que l’auteur dénomme « la révolution philosophique », « la révolution royale », « la révolution parlementaire », « la révolution orléaniste », « la révolution aristocratique » et « la révolution des révolutionnaires » ne manque pourtant pas d’intérêt.

 

 

Par Matthieu Roger

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4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 19:00

Mensuel édité par la SA Le Monde Diplomatique

 

 

Nous ne mesurons sans doute pas assez notre chance de pouvoir parcourir chaque mois un journal aussi engagé et pertinent que Le Monde Diplomatique, qui s’avère être d’ailleurs le journal français aujourd’hui le plus diffusé dans le monde. Sous la direction éditoriale de Serge Halimi, Le Monde Diplo – pour les intimes – poursuit année après année sa mission d’information publique, dans une veine anticapitaliste et anti-impérialiste assumée et fort bienvenue. Une lecture plus que recommandable en cette période estivale !

 

Dans ce numéro d’août 2018, plusieurs articles de grande qualité ont retenu notre attention. Deux d’entre eux jettent un éclairage clairvoyant sur les Etats-Unis de ce début du XXIe siècle. Avec « Anatomie d’une colère de droite » (p. 3), la sociologue Arlie Hochschild détaille de manière extrêmement lucide les raisons qui ont permis à Donald Trump de séduire l’électorat populaire, en rentrant dans le cerveau social et politique d’un "Américain moyen". Cette brillante analyse est à mettre en regard de l’enquête passionnante menée par Julien Brygo sur le monde des chauffeurs routiers américains, intitulée « Le routier américain, une icône en voie de disparition » (p. 4-5). Il y montre bien le paradoxe d’une omniprésence croissante des nouvelles technologies, avec en ligne de mire la généralisation des véhicules autonomes sans chauffeur, face aux conditions de travail et de salariat de plus en plus éreintantes, contraignantes et surveillées. On retiendra également l’article d’Alain Vicky sur le Swaziland (p. 13), pays jamais médiatisé mais constituant « La dernière monarchie absolue d’Afrique » avec à sa tête Mswati III, monarque ayant érigé le népotisme au rang de science absolue, ainsi que le questionnement du mythe du transhumanisme par Charles Perragin et Guillaume Renouard (p. 20), membres du Collectif Singulier, collectif de journalistes défendant la vision d’un journalisme indépendant. Enfin, Gabriel Galice propose en fin de numéro un bref focus sur « Qu’est-ce que la guerre juste ? » (p. 26), réinterrogeant les grandes notions du droit international et les interprétations diverses qui en sont faites par différents analystes occidentaux.

 

 

Par Matthieu Roger

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24 juillet 2018 2 24 /07 /juillet /2018 16:40

Éditions Akileos, 2017

 

 

Nouveau coup de maître pour notre duo d'auteurs préféré avec ce troisième opus venant clore le premier cycle du Roy des Ribauds. On y retrouve le Triste Sire assiégé dans son propre quartier général en compagnie ses plus proches affidés, ainsi que le Grand Coësre, roi des tréfonds de Paris visé par un complot qu'il semble ignorer. Le lecteur retrouve ici tous les principaux personnages rencontrés au cours des deux premiers tomes, dont les destins ne vont pas manquer de s'entrechoquer au cours de brutaux combats. Ce livre III donne en effet la part belle à l'action et aux épées dégainées, mais sans jamais que la dramaturgie du scénario pâtisse de ce rythme effréné. C'est la tout le talent du duo Brugeas-Toulhoat, cette capacité presque cinégénique à nous immerger dans l'intrigue et à ne nous laisser respirer qu'une fois la dernière page tournée ! La narration est extrêmement bien pensée, nulle case ou vignette ne s'avérant gratuite. Elle en cela rehaussée par la magnifique palette chromatique servie par Ronan Toulhoat, voyageant du bleu-mauve à l'orange sanguine, en passant par des dégradés sépia du plus bel effet.

 

Le prologue des dernières pages indique clairement qu'une suite du Roy des Ribauds sera à l'ordre du jour. Mais pour découvrir ce second cycle tant attendu, qui pourrait bien nous emmener jusqu'aux rivages de Sicile, il nous faudra patienter au plus tôt jusqu'en 2020. Quoi qu'il en soit, de mon côté le rendez-vous est d'ores et déjà pris !

 

 

 

Par Matthieu Roger

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Rhapsodie

Mon âme et mon royaume ont pour vaisseaux les astres

Les cieux étincelants d’inexplorées contrées

Ébloui par l’aurore et ses nobles pilastres

J’embrasse le fronton du Parthénon doré

 

 

Frôlant l’insigne faîte des chênes séculaires

Je dévide mes pas le long d’un blanc chemin

À mes côtés chevauche le prince solitaire

Dont la couronne étreint les rêves de demain

 

 

Au fil de l’encre noire, ce tourbillon des mers

Ma prose peint, acerbe, les pennons désolés

D’ombrageux paladins aux fronts fiers et amers

Contemplant l’acrotère d’austères mausolées

 

 

Quiconque boit au calice des prouesses épiques

Sent résonner en lui l’antique mélopée

Du chant gracieux des muses et des gestes mythiques

Qui érigent en héros l’acier des épopées

 

 

Par Matthieu Rogercasque-hoplite