Scutella Editions, 2016
Balestra, esquive, estoc, feinte, fouetté, garde, parade, etc., le glossaire des coups d'escrime est aussi divers que celui des pas de danse. Tout est dans la beauté du geste ! De fait, rien d'étonnant à ce que Dan Christensen ait adopté, pour protagoniste principal, un talentueux escrimeur reconverti dans la mise en scène de combats d'épées pour le cinéma.
Intitulé Riposte, le récit, comme son titre l'indique, se déroule en deux temps : une parade suivie d'une offensive. L'homme, traqué par ses souvenirs, va en devenir le chasseur ! Luca Di Serafino est célèbre dans le monde du maniement du fleuret, mais c'est également un personnage antipathique, arrogant et prétentieux, à l'ombrageux passé, sur qui court une obscure rumeur d'assassinat et de duel. Malheureusement, les démons qui nous hantent finissent toujours par refaire surface et Luca Di Serafino ne fait pas exception. À la sortie d'un cocktail au domicile du producteur du film sur lequel il officie, il est agressé par trois individus et échoue à l’hôpital. De retour chez lui, il ne peut que constater que quelqu'un lui en veut. Son appartement a été forcé et fouillé en son absence et un pistolet lui a été subtilisé.
Dès lors, les choses s’enchaînent, alimentées par les suspicions et la soif de vengeance, rythmées par l'honneur, les mensonges et les duels. Les secrets que le maître d'armes tentait de dissimuler se dévoilent au fur et à mesure que l'intrigue évolue. Les flashbacks, ponctuant l’histoire, nous révélent ce qui l'a poussé à quitter Venise, où son grand-père lui apprenait l'art du maniement de la rapière au sein du dojo familial. Une visite impromptue, une proposition de rachat de la salle d’entraînement, un refus catégorique, une promesse de représailles... Voilà les ingrédients d'un thriller atypique et intéressant !
Digne des vieux films de capes et d'épées, l'auteur rend ici un bel hommage à l'escrime dans une aventure pleine d'un sombre romantisme ! Côté graphique, son crayon est aussi leste que la lame de son personnage. Le trait sobre, en nuances de gris, et les lignes claires et dynamiques confèrent au dessin une fluidité propre aux gestes des épéistes et un rythme quasiment chorégraphique. Si tu ne viens pas à Scutella, Scutella viendra à toi !
Par KanKr